La princesse Marthe Bibesco (1886-1973) vécut dans cet immeuble situé au n°45, Quai Bourbon sur l’île Saint Louis à Paris. La famille Bibesco s’y installa en 1919. Toutefois, les appartements furent progressivement mis en vente tour à tour dès 1950.
La princesse Marthe Bibesco, célèbre aussi pour ses somptueux bijoux, vivait au 2ème étage. La descendance du prince Antoine Bibesco y vécut jusqu’en 2004. Voici des photos de la vue que l’on a depuis cet appartement. (Photos : Gabriel Badea-Päun)
Camille
18 novembre 2015 @ 06:46
Pendant des années j’étais à la recherche de son livre phare »Katia » ou »Le démon bleu du Tsar ». Je savais que ce ne serait pas de la grande littérature, mais je m’attendais quand même à un peu mieux au vu du résultat. Il n’y a que le style d’écriture très années 30 qui donne un petit intérêt au livre, de nos jours. Je dois être réfractaire aux romans sentimentaux (c’est drôle, puisqu’il m’arrive d’apprécier certaines fanfics uniquement basées sur des relations fictives entre deux personnages.
Antoine
18 novembre 2015 @ 15:04
Camille, lisez plutôt « Isvor, le pays des saules » ou « Au bal avec Marcel Proust » et surtout la correspondance. Après la perte de tous ses biens en Roumanie, la princesse a peut-être fait un peu de littérature « alimentaire ». Mais elle écrivait réellement fort bien, son style est élégant et bien caractéristique de son milieu, souvent très poétique. Sa personnalité est attachante, une grande amoureuse qui éprouvait le besoin de séduire davantage pour se rassurer que par goût de l’étreinte. Lorsqu’elle parle de la campagne roumaine, de son amour pour ce pays et ses domaines, elle est très émouvante. De plus, une grande européenne bien avant que le sujet devienne d’actualité.
Camille
19 novembre 2015 @ 16:59
Je vais voir pour Le pays des saules, car s’il y avait une chose à sauver de Katia, c’était bien l’écriture (c’est le scénario qui est très mauvais). Il faudra sans doute que je regarde du côté des bouquinistes. Antoine, vous souvenez-vous de la dernière édition pour ces romans de la princesse Bibesco ? Peut-être ont-ils été réédités dans les années 60 ?
Antoine
20 novembre 2015 @ 00:50
Camille, vous trouverez tous ces ouvrages sur les sites internet de vente de livres d’occasion. J’y ai jeté un oeil, il est facile de se les procurer par ce biais, même si cela n’a pas le charme de la recherche chez les bouquinistes.
Charlanges
19 novembre 2015 @ 15:46
Il faut distinguer les livres qu’écrivit Marthe Bibesco sous son nom et qui sont souvent remarquables et quelques « bluettes » rédigées pour des raisons plus alimentaires et qui furent tout d’abord publiées sous un pseudonyme « Lucile Ducaux ». Ce fut le cas pour « Katia » qui reate les amours du tzar Alexandre II et de la princesse Catherine Dolgorouka qui fut sa seconde épouse.
Gérard
20 novembre 2015 @ 14:48
Vous avez raison Charlanges à une voyelle près car le nom de plume était Decaux.
marielouise
18 novembre 2015 @ 07:11
Merci pour ces merveilleuses vue de Lîle St Louis…..un de mes endroits préférés à Paris….il y règne une douceur pour se recentrer!
ml
Mary
18 novembre 2015 @ 09:24
L’auteur de « katia » et une des maîtresses du second mari de Colette,Henri de Jouvenel.
Je crois que c’est pour se venger que Colette a séduit Bertrand ,son beau-fils.
framboiz07
19 novembre 2015 @ 02:32
Que raconte Katia ?Svp !
Camille
19 novembre 2015 @ 17:02
Un récit sirupeux sur la liaison entre l’empereur Alexandre II et la princesse Dolgourouky (dite Katia), remplie d’incohérences, de réécritures larmoyantes (la fin est juste énorme !) et d’infidélité à l’Histoire. Deux films en ont été tirés, dont le second en 1959 avec Romy Schneider pour Katia et Curd Jürgens »censé » interpréter Alexandre II (mais pas terrible dans le rôle, cette fois).
framboiz07
20 novembre 2015 @ 04:20
Merci, Camille, j’ai vu ce film , gosse, émotion !
Severina
18 novembre 2015 @ 09:27
Que choisir: le panorama ou les emeraudes?
Hermione
18 novembre 2015 @ 16:24
Les deux, of course !
framboiz07
19 novembre 2015 @ 02:31
Que sont devenus les bijoux ?
Merci Antoine ! Une vie passionnante !Que de rencontres !
Antoine
18 novembre 2015 @ 10:41
Ceux qui veulent en savoir davantage se reporteront avec profit à l’importante biographie de Ghislain de Diesbach paru chez Perrin en 1986. Une personnalité attachante, « nièce seconde » de l’abbé Mugnier, la comtesse François de Castries étant la « nièce première ». La correspondance avec l’abbé Mugnier est également très intéressante. C’était une femme d’esprit. A propos de sa vieille gouvernante qui la régentait un peu (beaucoup) elle faisait remarquer : « quarante ans de bons et loyaux sévices »…
will34
18 novembre 2015 @ 19:10
Moi aussi, je recommande la biographie de Ghislain de Diesbach sur la princesse Bibesco, « la dernière orchidée »…. Peu flatteur pour les femmes qui suivent mais qui montre une femme assez exceptionnelle…
Ghislain de Diesbach a également écrit une biographie de l’abbé Mugnier, où la princesse Bibesco est très présente… Il est un excellent biographe…
Francine du Canada
19 novembre 2015 @ 04:41
Hahahahaha! Merci Antoine; je viens de noter la référence. FdC
Francois
18 novembre 2015 @ 12:59
Émouvant hommage de l’auteur du perroquet vert
L’une des 3 princesse roumaines
La princesse Soutzo Marthe Lahovari épouse Bibesco et Masame de Noailles
Femme du monde accomplie et femme de lettre
Restauratrice du chateau de Mogosoea où hélas elle investit
Une part importante de sa fortune
Les Fameuse emeraudes Bibesco furent vendues assez tard
Mais dans une des dernières apparitions auprès du général de Gaulle
Elle les portait encore
Élégance supreme de l’acheteur qui les lui prêta poir une dernière fois
Ses grandes amours furent plutot platoniques
Sa plus grande gloire fut d’etre considérée comme écrivain francais
Jean Pierre
19 novembre 2015 @ 11:57
François, est ce le prince Bibesco qui disait, « l’Orient Express met une journée pour traverser mes propriétés » ?
Francois
19 novembre 2015 @ 23:04
Je ne sais
Mais c’est fort possible
Leurs propriétés etaient tres vastes
En ce temps la richesse foncière etait encore et importante et
Signe de puissance
Pour les Bibesco il ne resta que cet immeuble parisien
Et une propriété Tulimaar que la princesse acheta à sa fille
Jean Pierre
18 novembre 2015 @ 13:21
Paul Morand ne l’aimait guère, elle était fatigante à toujours demander de l’argent. Quand on voit où elle habitait elle devait avoir de gros besoins.
Francois
19 novembre 2015 @ 14:44
Bonjour
Paul Morland marie à la princesse Soutzo
Femme très riche disposait de larges moyens
La princesse Bibesco Apres la deuxième guerre
N’avait plus que sa plume pour vivre
Et il est vrai que ses goûts dataient d’une époque
Où l’argent etait plus facile
Ses difficultés financières de la fin de sa vie furent assez
Terribles
Charlanges
19 novembre 2015 @ 15:34
Paul Morand ne l’aimait guère parce que son épouse, Hélène, la jalousait et la détestait. Les dernières années de Marthe Bibesco qui ne pouvait guère compter que sur sa plume pour vivre ne furent pas faciles mais elle affronta les épreuves avec dignité et en grande dame, soutenue pa.
Charlanges
19 novembre 2015 @ 15:38
Paul Morand ne l’aimait guère pour la bonne raison que son épouse, la redoutée Hélène, la jalousait, la détestait et avait toujours cherché à lui nuire. Les dernières années de Marthe Bibesco qui ne pouvait plus guère compter que sur sa plume pour vivre ne furent pas facile mais elle les affronta avec dignité et en grande dame, soutenue par ses nombreux amis.
Albane
18 novembre 2015 @ 18:34
Très intéressant. Merci pour toutes ces infos.
Francois
19 novembre 2015 @ 22:59
Il serait intéressant d’écrire un article sur Helene Chrisovrloni
Princesse Soutzo d’abord
Épouse de Paul Morand ensuite
Elle fut une des dernières amies de Marcel Proust
Qui allait la voir au Ritz où elle vivait
Ces dames furent les derniers témoins d’une époque revolue
Les derniers feux de la recherche du temps perdu
Marthe Bibesco incarnait cette race rose et dorée qui fascinait tant
le jeune Marcel
Il est tellement regrettable que tout ce monde disparaisse à jamais de nos
mémoires
Jean Pierre
22 novembre 2015 @ 15:08
François, je ne m’y collerais pas. Écrire un article sur un personnage aussi controversé que la princesse Soutzo peut entraîner très loin.
Je ne vois plus qu’Edmonde Charles Roux, Jean Chalon, Gersende d’Orleans et François Marie Banier pour en parler. Tiens Banier dans sa geôle pourrait nous écrire quelque chose à ce sujet.
Francine du Canada
19 novembre 2015 @ 04:50
Et bien, elle avait « bon goût »; l’Ile Saint-Louis est un endroit adorable! Touristique c’est vrai mais… vraiment charmant! J’y retournerais demain matin… quoique je crois que je vais attendre un peu ;-( FdC
Gérard
19 novembre 2015 @ 13:13
La princesse Priscilla Helen Alexandra Bibesco mourut à l’hôpital catholique Saint-Joseph à Paris (14e) le 13 octobre 2004. Mais jusqu’à sa dernière maladie elle avait habité le quai de Bourbon.
Elle était fille du prince Antoine Bibesco (1878-1951, Paris, 45 quai de Bourbon), diplomate roumain, et de lady Elizabeth Asquith (1897-1945), fille d’Herbert Henry Asquith, qui fut premier ministre et premier comte d’Oxford et Asquith.
Priscilla était la filleule de la reine Alexandra et de Marcel Proust. Celui-ci a pu dire : « c’est dans cette petite fille que tout ce que nous connaissons maintenant continue. » Proust issu d’un mariage mixte avait été baptisé catholique.
Le prince Antoine était l’un des meilleurs amis de Marcel Proust qui avait admiré tout de suite la beauté et l’assurance d’Antoine qui le fascinaient. Antoine était aussi très ami du peintre Édouard Vuillard et c’est pourquoi l’hôtel était tapissé de ses toiles.
Priscilla, née en 1920, se maria tout d’abord à Beyrouth en juin 1944 avec le bulgare Mikhaïl (Michael) Padev (1915-1989) dont elle divorça en 1946.
Elle épousa en deuxièmes noces en 1958 Simon Hodgson qui devait mourir à Paris en 1992 ou 1994. Il était fils d’un chef d’entreprise et avait 11 ans de moins qu’elle. Il prétendait à tort descendre de la demi-sœur de lord Byron (qui fut aussi sa maîtresse).
Antoine avait laissé à sa cousine Marthe l’appartement du deuxième étage de son hôtel tandis qu’il habitait le premier.
L’hôtel du 45 quai de Bourbon est décrit en 1944 par Aragon dans Aurélien. C’est dans cette maison que Philippe Soupault créa avec André Breton en 1919 la revue des surréalistes Littérature. Là aussi vécut Élie Faure le grand historien de l’art et l’écrivain Pierre Drieu la Rochelle qui fut locataire de la princesse et qui inspira le personnage d’Aurélien à Aragon. La place qui se trouve en face de l’hôtel a pris maintenant le nom de place Louis-Aragon. En 1958 Claude Autant-Lara a filmé la maison en extérieur pour En cas de malheur avec Jean Gabin et Brigitte Bardot.
Cet hôtel a été construit par François Le Vau pour lui-même vers 1660. On l’appelle également la Maison du Centaure parce qu’on peut y voir sur les pans coupés deux bas-reliefs qui datent du XVIIIe siècle, dont l’un représente Hercule terrassant Nessus et nous l’apercevons sur la première photo (merci à Régine et à Gabriel Badea-Päun).
L’hôtel appartenait aux Bibesco depuis 1919, depuis qu’Antoine l’avait acheté en quittant le 20 rue Vineuse qu’il ne pouvait plus supporter après le suicide de son frère Emmanuel le 2 août 1917 par pendaison en Angleterre, dans un hôtel près de Windsor. Emmanuel souffrait de paralysie faciale.
Gérard
19 novembre 2015 @ 18:27
Rappelons que c’est en 1614 sous la régence de Marie de Médicis que fut développé un projet d’urbanisme de l’île qui à l’origine se divisait en deux parties, à l’ouest l’île Notre-Dame et à l’est l’île aux Vaches.
Christophe Marie qui se fit assister de Lugles Poulletier et de François Le Regrattier fut chargé de combler le chenal entre les deux îles et de construire des ponts pour relier l’île Saint-Louis aux deux rives de la Seine, et de prévenir les inondations en rehaussant les quais. Les noms de ces trois personnes ont été donnés à un pont, le pont Marie, et à deux artères. Ceci fut accompli aux frais de l’entrepreneur général des Ponts, Marie, en échange d’un droit sur le lotissement du terrain.
framboiz07
20 novembre 2015 @ 04:23
Merci, Gérard !
Gérard
20 novembre 2015 @ 19:34
Quelques autres renseignements notamment tirés de : http://www.isl-paris.com/ile-saint-louis/FR/produit_id_613/45-Quai-de-Bourbon.html.
En ce qui concerne les propriétaires successifs de l’hôtel il faut noter que le terrain en fut vendu en 1643 à Claude Dublet, juré du roi ès œuvres de charpenterie et entrepreneur au Louvre, qui revendit 72 toises au peintre Philippe de Champaigne et en 1657 226 toises à François Le Vau et à son beau-frère Charles Thoizon, maître maçon.
François Le Vau fit construire sa maison sur 33,5 toises. Sa fille en hérita à sa mort en 1676 puis ses enfants mineurs, qui furent élevés par leur grand-mère, en 1685. L’aîné vendit la maison à sa majorité en 1719 au sieur Bailly dont la fille épousa Thomas Urbain Maussion de Candé, conseiller au Grand Conseil. La maison fut ensuite à leur fils aîné, à ses frères qui la vendirent en 1765 à l’orfèvre Jacques Poiré dont la veuve en était encore propriétaire au moment de la Révolution.
La maison est évoquée dans Catherine-Paris de Marthe Bibesco.
L’écrivain Charles-Louis Philippe a vécu dans un des appartements de deux pièces de cette maison qui fut plus tard, entre 1925 et 1941, celui de Drieu la Rochelle. Il y tomba malade début décembre 1909 de la fièvre typhoïde et fut transporté à la clinique de la rue de la Chaise où il mourut le 21 à 9 heures du soir.
Le critique littéraire André Billy, futur académicien Goncourt, eut un bail au troisième étage entre 1911 et 1920. Il sous loua à Lucie Laure Favier qui recevait tous les premiers mercredis avant 1914 la fine fleur de littérature et des arts dont Apollinaire.
Dans cet appartement il y eut ensuite brièvement l’écrivain américain Kenneth Weeks (1889-1915), qui dans la Légion étrangère mourut en Artois pour la France à Givenchy sur la crête de Vimy le 16 juin 1915 et repose au cimetière de Mont-Saint-Éloi.
Lui succéda au troisième étage Charles Huard (1874-1965), caricaturiste et illustrateur des œuvres de Balzac, Flaubert et Maupassant et bien sûr d’André Billy.
Aragon a vécu dans cet immeuble deux ans avec Nancy Cunard (1896-1965), écrivain anarchiste, fille de sir Bache Cunard, baronnet, héritier des armateurs, et de Maud Alice Burke, riche héritière américaine.
Marthe Bibesco habitait donc le premier étage où elle mourut.
Louis Chadourne, né en 1890 et mort à Paris en 1925 des suites de blessures de guerre, auteur du Pot au noir, frère de l’écrivain-voyageur Marc Chadourne, vécut ici.
Une locataire du rez-de-chaussée fut Mlle Hériot, fille d’un des fondateurs des Grands Magasins du Louvre. S’agit-il de Virginie (1890-1932) navigatrice, vicomtesse François Haincque de Saint-Senoch, fille d’Olympe Hériot ? On note aussi sous Louis-Philippe un marchand de vins en gros du nom de Burat.