unnamed1

Balade à travers les folies montpelliéraines : le château de Flaugergues, une villa italienne en Languedoc. Construit à la fin du XVIIe siècle, le château de Flaugergues est l’une de ces demeures édifiées dans la campagne montpelliéraine appelées à l’époque « folie ».

Ces « maisons sous les feuillages » connaissent un âge d’or au XVIIIe siècle sous l’impulsion d’architectes locaux et d’une noblesse de robe ou d’une riche bourgeoisie désireuses de se faire bâtir des maisons de plaisance à proximité de la ville. Situées au milieu du domaine rural, elles sont entourées de magnifiques jardins. Elles deviennent ainsi les résidences d’été des notables de Montpellier au XVIIIe siècle. Elles constituent encore aujourd’hui une véritable « guirlande de folies » autour de Montpellier.

unnamed2

C’est en 1696 qu’Étienne de Flaugergues, conseiller à la cour des comptes de Montpellier, fait l’acquisition d’un domaine auquel il donne son nom. Pendant 45 ans, il agrandit et embellit cette « maison des champs » pour lui donner son aspect définitif.

unnamed3

Avec son toit de tuiles romaines, en élévation sur une terrasse dominant les vignes et son jardin de buis taillés, elle emprunte encore beaucoup aux villas italiennes des XVIe siècle et XVIIe siècle.

L’arrivée des modes parisiennes, par le biais des aristocrates venus représenter le roi fait évoluer ce modèle. La rusticité de la villa italienne, bientôt considérée comme démodée, laissera place à un style classique extrêmement raffiné que l’on retrouvera dans les autres folies.

unnamed4

En 1811, le château devient la propriété de la famille Boussairolles, déjà propriétaire du château voisin de la Mogère. Ce domaine se transmet ensuite par succession, sans jamais être vendu.

Depuis 1973, le comte Henri de Colbert, descendant du célèbre ministre de Louis XIV, et son épouse Brigitte ont repris les rênes de cette majestueuse propriété familiale transmise par les femmes depuis neuf générations.

unnamed4a

Le château est constitué d’un corps central et de deux corps latéraux surplombant un jardin en escalier bordé de vignes. Le bâtiment est entièrement tourné vers le jardin. La façade arrière est quasiment aveugle, de fausses fenêtres assurant l’illusion.

unnamed5

Devant le château, la terrasse présente deux statues de Guyon, La Paix et L’Abondance (1728) situées de part et d’autre du perron.

unnamed6

unnamed7

Le jardin à l’italienne s’étendant sur la terrasse est très symbolique de ce lieu. Il a servi de modèle au XVIIIe siècle à de nombreux autres parterres de la région. Au XIXe siècle, il se fit jardin anglais.

Mais Henri et Brigitte de Colbert s’attachèrent à recréer ce nouveau parterre à la « française » en plantant 10 000 buis.

unnamed8

C’est à l’intérieur que l’on découvre le trésor de Flaugergues. Démesuré, l’escalier, véritable morceau d’ostentation, comme dans la plupart des hôtels particuliers de Montpellier, occupe la place principale : ici, pratiquement, le quart du volume total de la demeure !

unnamed9

Il correspond à la travée centrale du bâtiment dont il occupe toute la profondeur et dessert tous les étages. Ses volées sont suspendues et soutenues, ainsi que les paliers, par des arcs à clefs pendantes. Spectaculaire, avec sa très belle rampe en fer forgé à motifs de balustres, il est caractéristique du XVIIe siècle, bien qu’aménagé au siècle suivant.

unnamed10

À ses murs, une suite de tapisseries des Flandres, datées de 1670, représentent des scènes de la vie de Moïse parmi lesquelles on reconnaît la découverte de Moïse sur les rives du Nil. Restaurées entre 1975 et 1985, ces tapisseries aux couleurs particulièrement vives sont aujourd’hui en un état de conservation remarquable. Elles ont été classées Monuments Historiques en 1992.

unnamed11

Dans son ensemble, le mobilier que l’on retrouve à Flaugergues a été acheté pour les hôtels particuliers en ville qu’habitaient, au XVIIIe siècle, les conseillers à la Cour des Comptes, souvent grands collectionneurs.

unnamed12

unnamed13

Ces résidences urbaines ayant été vidées ou détruites pour cause de révolution ou d’urbanisation, leurs meubles ont rejoint les différents logements des descendants et une partie vint remplacer l’ameublement initial, sans doute fort simple, de Flaugergues. D’autres ancêtres vinrent compléter la collection.

unnamed14

Parmi les portraits de famille, on reconnaît celui de Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seignelay.

unnamed15

unnamed16

La salle à manger conserve un mobilier d’époque Louis XV et une belle collection d’argenterie, de porcelaines et de faïences.

unnamed17

unnamed18

Les salons du rez-de-chaussée sont meublés de beaux ensembles Louis XV et Louis XVI, de tableaux de famille et présentent une collection de porcelaines et de faïences.

unnamed19

On y découvre un curieux instrument d’époque Louis XV pour visionner les vues d’optique coloriées en relief.

unnamed20

La bibliothèque abrite une série d’instruments scientifiques anciens.

unnamed21

Elle est ornée de la cinquième tapisserie de la série de la vie de Moïse.

unnamed22

La grande allée, dite allée des oliviers, qui longe la maison à l’ouest, constitue une belle perspective de 400m bordée de buis et de jeunes oliviers prometteurs. A l’extrémité sud de cette allée, un belvédère offre une belle vue sur le château et permet d’admirer la vue sur l’extérieur, la mer, les étangs et la campagne environnante.

unnamed23

unnamed24

L’orangerie et le parc à l’anglaise ont été aménagés en 1850 par Charles Joseph de Boussairoles. C’est un véritable jardin botanique créé sur trois hectares avec le triple souci du décor floral, de l’exotisme et de la priorité donnée aux grands arbres.

unnamed25

Une étude des jardins a été faite en 1997 par les étudiants de l’école d’architecture de Versailles, ce qui à amené les propriétaires à faire de nombreux réaménagement en particulier, la bambouseraie, l’allée d’olivier, l’orangerie et ses alentours, ainsi que la création d’un jardin des sens.

Les vignes, autrefois situées autour du château, sont aujourd’hui essentiellement implantées à l’est. En effet, Flaugergues jadis bâtie à la campagne, est de plus en plus gagnée par l’urbanisation de Montpellier et environnée de constructions pour le moins contemporaines…

Le parc et les jardins de Flaugergues, labellisés « jardin remarquable », lui servent d’écrin protecteur. (Un grand merci à Francky pour ce reportage – Source: Site internet du château de Flaugergues – Copyright photos : Francky)

⋅ , , 36 Comments