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L’histoire de cette folie commence en 1632 avec Henry d’Engarran, conseiller aux aides et aux finances du Languedoc. Il achète une propriété viticole constituée d’un parc, de vignes et d’un vivier aux seigneurs de Saint-Georges d’Orques. En décidant de perpétuer l’activité viticole sous son propre nom, il devient le fondateur du domaine actuel.

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Au XVIIIe siècle, l’Engarran devient la propriété de Jean Vassal qui hérite de la dot de sa femme Loïs de Marigny. Il y fait construire le château tel qu’il existe de nos jours. Il fait fortune dans le commerce du sel et devient Conseiller aux Aides et Finances du Languedoc. Il bâti le nouveau château sur les fondations de la métairie ancienne, dessine le parc à la française, le décore de statues, élève la grille monumentale.

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Commandée en 1723 par Joseph Ier Bonnier de la Mosson au maître ferronnier Catrix pour fermer le château de la Mosson, cette imposante grille en 3 panneaux de quinze mètres de long s’apparenterait si l’on en croit Maurice Chauvet, à un « éventail espagnol léger et transparent, derrière lequel une beauté languedocienne se dérobe en souriant ».

Le domaine de la Mosson subissant la ruine que l’on sait, cette grille est rachetée par Jean Vassal et installée à son emplacement actuel. Bijou de chacune des familles se succédant à l’Engarran, elle fut classée monument historique et qualifiée « grille monumentale » le 31 mai 1926.

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Laurent Quetton Saint-Georges laisse ensuite sa marque au château, après y avoir passé de nombreuses soirées mondaines. C’est un baroudeur génial et passionné qui partage sa vie entre les terres vierges de l’Ontario et la vie mondaine de Montpellier. De son émigration au Canada, il a rapporté une grosse fortune réalisé grâce à des fondations commerciales et qui lui permet d’acquérir le château. Amoureux de ses terres vierges, il y est enterré.

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Henri Mares, chercheur à l’origine de la découverte des propriétés du soufre contre l’oïdium, fut l’un des grands propriétaires viticoles suivant.

Enfin, au XXème siècle, Florian Bertrand et son fils Adelys, vignerons et distillateurs travaillèrent main dans la main pour constituer le patrimoine de la famille. Ils furent les premiers à vendre des barriques du château de l’Engarran à Paris. La fille d’Adelys, Marguerite Bertrand-Grill su conserver le patrimoine au travers de l’occupation et le transmettre intact à son fils Alain Grill. Les héritières actuelles, Constance Rérolle-Grill et Diane Losfelt-Grill, perpétuent depuis 20 ans la tradition viticole ancestrale de l’Engarran.

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Situé sur une colline couverte de vignes, se cachant dans son parc, l’Engarran, est la plus féminine, la plus baroque et la mieux préservée des folies montpelliéraines. Contrairement à toutes les autres, son environnement immédiat reste encore préservé: elle est toujours une demeure sous les feuillages, au centre d’un domaine agricole.

Cette élégante bâtisse en pierres blondes de Pignan est riche de détails architecturaux visibles sur ses façades comme autant de dédicaces à l’amour et au vin, perpétuant une passion et une tradition viticole sans interruption depuis 1632.

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Sur la façade du château, deux puissants Atlantes enlacés de pampres de vigne soutiennent le balcon, alliant dans un même effort vin et patrimoine.

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Sur le fronton du château, un bouquet de trois angelots entourés de roses accueille les visiteurs. Ils symbolisent l’amour, la fête et les bacchanales en nous offrant déjà un peu de vin de leur amphore…

 

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Chaque fenêtre est encadrée de corniche surmontée d’agrafe délicatement sculptée.  S’inspirant des aigles dos à dos et agressifs du blason des Habsbourg, Jean Vassal créa un symbole de son amour pour Loïs de Marigny. Becs accolés, corps enlacés, les deux rapaces laissent ici deviner un cœur…

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Aux agrafes des fenêtres de l’arrondi central, deux colombes, ailes déployées, semblent protéger la demeure et placent le château sous le signe de la paix et de l’harmonie.

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Une fois le perron franchi, on entre dans le vestibule du château aux couleurs pastel qui rappellent la douce lumière du sud. Il pouvait servir de salle à manger à l’occasion.

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Outre les moulures typiques du XVIIIe siècle, on reconnaît au dessus des portes, un thème cher à cette époque: celui des quatre saisons. Une douce figure féminine y incarne le printemps.

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L’allégorie de l’été est reconnaissable à ses épis de blé et aux instruments agricoles utilisés pour la moisson, rappelant par la même occasion la vocation agraire du domaine.

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L’automne a pris les traits d’un Bacchus couronné de grappes de raisin tandis que se promène un escargot, annonciateur des pluies d’octobre.

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L’hiver enfin, revêt les traits d’un vieillard couronné de feuilles de chênes et de glands et emmitouflé dans une écharpe.

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Le vestibule ouvre sur le salon d’honneur, la plus belle pièce du château. Il est baigné de lumière grâce aux trois fenêtres qui ouvrent sur les jardins.

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Les gypseries du XVIIIe siècle sont de grande qualité: elles reprennent le thème des voyages d’Ulysse.

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La façade sur jardin présente le même soin dans l’ornementation que l’entrée principale. Les agrafes au-dessus des fenêtres sont toutes différentes et témoignent du talent des artistes de l’époque.  Au centre, trois portraits de femme aux agrafes des fenêtres du salon d’honneur, racontent l’histoire d’une vie.

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Une jeune fille porte à son front les fruits gorgés des promesses de la vie. Sous ses paupières pudiques, elle tente de dissimiler un regard envieux porté vers son avenir.

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Coiffé d’un enfant, symbole de fécondité, et de roses, emblème de Jean Vassal le constructeur du château, l’avenir porte ici les traits d’une jeune femme belle et fière. Son regard se tourne pourtant résolument vers son futur.

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Dernier visage de ces trois âges, édentée, ridée, coiffée à l’italienne, la vieillesse souffle du regard son message à la jeunesse :  » carpe diem  »

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Dessiné par un élève de Le Nôtre, le jardin à la française s’étend sur 3 niveaux, alternant les décors de buis, les bassins et des statues. Un escalier à double volée joint une courte terrasse couronnée de vases et le jardin qui descend en pente douce jusqu’au buffet d’eau.

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Les thèmes de l’amour et des âges de la vie sont illustrés par trois couples de statues dont la taille augmente avec l’éloignement : un couple d’enfants, puis des jouvenceaux et enfin Diane et Apollon. Ces jardins sont aussi une oasis, car l’eau y sourd en abondance par sept sources qui irriguent la végétation méridionale du parc.Ce havre de paix romantique abrite aussi un buffet d’eau, des vases de pierre et un bestiaire fantastique se mêlant aux essences méridionales.

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Amoureux de la déesse Diane qui lui fait face, Apollon lui offre son cœur. A ses pieds un angelot, le doigt sur les lèvres, semble se moquer de ces jeux de l’amour…

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Face à Apollon, Diane, déesse de la chasse et de l’amour ajoute encore à l’ambiance amoureuse qui imprègne l’Engarran. Elle symbolise l’aboutissement des jeux de l’amour tout au long d’une vie…et tout au fond du parc ! C’est l’ultime figure féminine du parc.

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Le parc est agrémenté d’une collection de très beaux vases. Certains proviennent, comme quelques statues, du démantèlement du domaine de la Mosson.

 

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Au bout du parc, fermant la perspective, parmi les statues, s’élève le buffet d’eau. Appelé aussi fontaine rocaille en raison des coquillages qui le décoraient autrefois, l’eau jaillit de la bouche de son grotesque et d’une petite grenouille dispensant la fraîcheur, si précieuse et si rare en cette région. Il s’inspire de son illustre modèle de la Mosson qui est tout proche et témoigne là aussi du raffinement des jardins qui entourent ces folies montpelliéraines. (Merci à Francky pour ce reportage –  Source: Site internet du château de l’Engarran.)