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Le domaine est mentionné sous le nom de « mas de Villar » comme propriété du comte de Melgueil, au XIe siècle. Au XVIe siècle, la propriété appartient à Jacques de Guilhem, seigneur de Figaret, puis elle est acquise par Jacques David, co-seigneur de Montferrier. Au siècle suivant, la seigneurie dite de Puech Villa est transmise à Charles de Perdrix et à son frère Philippe.

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C’est en 1722 que commence réellement l’histoire du domaine, avec le destin peu banal d’un homme dynamique, amoureux des arts, inscrit pleinement dans son époque… mais également généreux, soucieux des pauvres et des déshérités : Charles Gabriel le Blanc, fermier des gabelles et architecte. Élevé dans un milieu aisé et cultivé, il est nommé Commis général des sels en Languedoc à l’âge de 30 ans et se marie en 1710 à Montpellier avec une veuve mère de dix enfants, Élisabeth-Anne Bernard. Ambitieux et soucieux d’acquérir terres et titres, il achète la seigneurie de Puech Villa, propriété des frères Perdrix. Il multiplie les achats de parcelles pour agrandir son domaine et mener à bien son projet.

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En 1729, il acquiert une nouvelle charge et son activité de Conseiller du Roi ne cesse plus de lui apporter honneur, fortune et notabilité, tout en lui permettant de constituer un énorme patrimoine foncier, qu’il lègue en partie à sa mort aux « Pauvres gens de l’Hostel-Dieu Saint-Eloi » de Montpellier. Sur le domaine, il transforme d’anciens bâtiments en château et construit une chapelle et des communs. Parallèlement, il commence à aménager leurs abords par une succession de jardins d’agrément et d’enclos vivriers, de plus en plus somptueux.

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En juin 1736, l’achat de la métairie de Massane et de la source de la Tuilerie marque un tournant important dans l’histoire des jardins du château d’O. Cette source, qui existe toujours, est à l’origine du développement de bassins et de fontaines magnifiques, grâce à une eau abondante, acheminée par un aqueduc souterrain.

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Durant plus de vingt ans, le fontainier Fabre, les sculpteurs montpelliérains Dupont, Pagès et le jardinier Philibert ornent les jardins de nymphées, de fontaines à coquilles, de bassins à jets, de corbeilles sculptées en ronde-bosse, de statues de nymphes et de divinités antiques, de parterres ordonnancés et de plantations diverses qui embellissent les perspectives et embaument les enclos…

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Parmi les fontaines les plus remarquables, deux petits nymphées rappellent celui de la Mogère et, dans une échelle beaucoup plus réduite, celui de la Mosson. Un dauphin chevauché par un enfant est entouré de chevaux marins et crache de l’eau dans une succession de trois vasques en forme de coquille accrochées à une grotte où se mêlent des coquillages.

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L’ensemble donne un effet de cascade d’eau. Il est à rapprocher de la partie centrale du buffet d’eau de la Mosson qui, bien que très abîmé, présente la même superposition de vasques en forme de coquilles accrochées à une grotte et surmonté de groupes sculptés.

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Jusqu’à sa mort, survenue en 1750, Charles Gabriel Le Blanc s’attache à constituer l’un des châteaux entourés de jardins, les plus élégants de la première moitié du XVIIIe siècle. Cependant l’ensemble n’est pas achevé lorsqu’il disparaît.

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Intendant du Languedoc, ami de l’ingénieur Pitot et de l’architecte Jean-Antoine Giral, Jean-Emmanuel Guignard, vicomte de Saint-Priest, se rend propriétaire de ce magnifique ensemble en 1762 et continue à l’embellir. Il peuple le parc des statues des muses, des dieux et déesses de la mythologie.

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Le château présente une grande simplicité. Un avant-corps central suffit à animer la façade qui comporte un étage noble sur rez-de-jardin. Sous le toit de tuiles creuses, le fronton de l’avant-corps montre un deuxième niveau percé d’oculus à la manière méridionale.

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Le dessin du jardin et du parc laisse supposer l’intérêt que leur portait le vicomte de Saint-Priest. Vieux de deux siècles et demi, les parterres de buis taillé et les pins d’Alep abritent un ensemble de bosquets et de surprises dont la moindre n’est pas le bassin de saint Ferreol – aujourd’hui vide – où se donnaient des naumachies. Une histoire locale raconte que l’évêque de Montpellier, naviguant sur ce bassin lors d’une fête de nuit, y perdit son anneau pastoral : son hôte aurait fait entièrement vider la pièce d’eau pour le retrouver.

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Sous la Restauration, Marie Nicolas Fournier, baron de la Contamine et évêque de Montpellier, acquiert le château et les terres. Les jardins reprennent vie, mais pour une courte durée. Légué à l’évêché, le domaine entre alors dans une longue période de dépérissement et d’abandon : devant le château, la chapelle et les communs, en ruine, doivent être abattus (1874) ; les jardins manquent cruellement d’entretien. Connu au XIXe siècle sous le nom de « campagne de l’Évêque », ce n’est qu’en 1860 que le domaine prend, sur les registres cadastraux, le nom de « Château d’O ».

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Après la séparation de l’Église et de l’État (1905), il devient la propriété du Département de l’Hérault. Le château et les jardins sont classés Monuments Historiques le 16 août 1922, mais continuent lentement à se dégrader. Les broderies de buis ont disparu pour laisser place à un long tapis vert.

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Ce n’est qu’à partir de 1958 que le château d’O fait l’objet de restaurations, sous l’impulsion du Conseil général de l’Hérault, qui reprend en main son destin. Elles sont accompagnées de transformations importantes. Les dernières en date ont permis de restituer les jardins à la française devant la façade méridionale du château. Ce travail a été effectué sur la base d’un état des lieux daté de 1762 et un plan du XVIIIe siècle. Ces documents ont permis de recréer les plates-bandes décoratives et les broderies de buis.

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Les travaux ont été étendus au réaménagement des bosquets latéraux, dans l’esprit des cabinets de verdure d’origine. Ils sont composés de nouvelles essences d’arbres et des grands arbres vénérables. Ils ont été complétés sur le parterre central par la remise en place de huit vases sculptés ainsi que par une remise en eau du bassin central et des fontaines latérales.

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Le parc devient un lieu d’animation culturelle important, en particulier lors du Printemps des Comédiens. (Merci à Francky pour ce reportage –  Source: http://www.domaine-do-34.eu/Photos: Francky)