En Bavière, se trouve un important lieu de pèlerinage marial situé dans la charmante petite ville d’Altötting. Une vierge noire y fait depuis le 9ème siècle l’objet d’une dévotion fervente. Né à quelques kilomètres de là, le Pape Benoît XVI a écrit que « les pèlerinages à Altötting font partie des plus beaux souvenirs de mon enfance. »

La ville possède en outre un très beau musée du pèlerinage qui renferme de nombreux trésors dont un objet mondialement célèbre et lié à l’Histoire de France : le « Goldenes Rössl » ou « Cheval d’or« .

Ce chef d’oeuvre de l’orfèvrerie française fut commandé en 1404 par Isabeau de Bavière pour son époux le roi Charles VI. Ce petit autel d’une soixantaine de centimètres de haut est réalisé en or, argent doré et émail. Dans sa partie supérieure, assise sur une treille enchâssée de pierres précieuses, la Vierge Marie tient sur ses genoux l’enfant Jésus.

A leurs pieds, le Roi Charles VI est agenouillé en prière. Sainte Catherine d’Alexandrie, Saint Jean-Baptiste et Saint Jean l’Evangéliste l’accompagnent, pour intercéder en sa faveur auprès de la mère de Dieu. Le Souverain avait en effet grand besoin d’une intervention céleste.

En 1404, le Roi Charles VI a sombré dans la démence depuis plusieurs années. Et pourtant, son mariage avec Isabelle de Bavière dite Isabeau, de la famille des Wittelsbach avait commencé comme une véritable histoire d’amour et le couple fut heureux pendant plusieurs annés. En lui offrant ce présent au Nouvel An 1404, la Reine espérait une aide divine qui guérirait (ou du moins apaiserait) son mari. Hélàs, il n’en fut rien et la France connut à cette époque une sombre période dans laquelle débuta la guerre de 100 ans, ponctuée d’événements dramatiques comme la bataille d’Azincourt qui décima la fleur de la noblesse française.

Quant au petit cheval, c’est un miracle qu’il soit parvenu jusqu’à nous. En 1405, le frère de la reine l’emporta en Bavière pour se rembourser de cadeaux de mariage promis mais non donnés par Charles VI. Des années plus tard, la maison de Bavière le confia au couvent d’Altötting en remboursement d’emprunt de guerre. Il échappa de peu à la fonte en 1801.

Peu d’objets de l’orfèvrerie de cette époque sont parvenus jusuq’à nous. Ce petit cheval constitue l’un des rares témoiganges de l’art de l’émail français du 15ème siècle. (Merci à Sophie LBM pour le texte et ses recherches – Copyright photos : D.R.)