La famille Uston de Villeréglan occupa ce bel hôtel particulier au XXe siècle et lui a laissé son nom. En réalité, c’est à une autre famille beaucoup plus prestigieuse que cette demeure doit son existence.

Il confie pour cela les travaux à l’architecte le plus connu de ce début du XVIIIe : Jean Giral. Antoine Bonnier, en épousant en secondes noces Anne Charlotte de Comte, prend le titre « d’Alco » et les terres qui vont avec.

En qualité d’aîné, Antoine Bonnier d’Alco hérite de la charge de Président de la Cour des Comptes Aides et Finances de Montpellier détenue par son grand-père.
 
Son frère Joseph achètera quant à lui, celle de Trésorier de la Bourse du Languedoc. Son fils, Antoine Samuel Bonnier d’Alco (1704-1769) devient à son tour président de la Cour des Comptes Aides et Finances de Montpellier et hérite de cette noble demeure.
 

Le fils de ce dernier, Ange Elisabeth Louis Antoine Bonnier d’Alco (1750-1799) est brillant: il se lie avec des révolutionnaires, est élu député de l’Hérault en 1791, entre dans la diplomatie lors du Directoire.
 
Il est envoyé en tant que ministre plénipotentiaire au Congrès de Rastadt, une réunion diplomatique entre la France la Prusse, le St Empire et des princes allemands, en vue de contrecarrer les ambitions de l’Autriche. Le congrès tourne à l’échec et il est assassiné.
 

On entre dans cette riche demeure par un portail monumental, dont l’ornementation toute en finesse n’en signale pas moins l’opulence de ses propriétaires.
 
Le portail en plein cintre est encadré de piédroits refendus et surmonté d’un fronton triangulaire du plus bel effet.
 

Toute l’attention est attirée par la présence de deux amours jouant autour d’un vase débordant de fleurs.
 

En lieu et place de la clé de voûte, une belle agrafe à volutes sert de support à un gracieux mascaron féminin. Bien qu’abîmé par le temps, on admire encore le soin apporté à la coiffure et à la parure de cette jeune femme.
 

De part et d’autre de cette composition, des guirlandes de fleurs retenues par des coquilles achèvent cette allégorie du Printemps. On y reconnaîtra les fleurs de cette saison : roses, pivoines, lilas, narcisses, lys et marguerites y composent un délicat méli-mélo floral.
 

Le porche franchit, on découvre sa façade concave tournée vers la cour. Outre le jeu des volumes, une telle disposition est destinée, comme on l’a vu à l’hôtel Deydé, à faciliter la manœuvre des carrosses.
 

L’entrée est ici traitée sous la forme d’une baie à l’italienne, légèrement arquée. A la clé, tout comme du côté rue, on retrouve un gracieux visage féminin souhaitant la bienvenue au visiteur.

La cour d’honneur est fermée par les ailes de l’hôtel dont le plan en U est assez traditionnel des demeures de cette époque. Mais la façade principale a été aménagée sur un plan concave, répondant ainsi à la forme du porche qui lui fait face.

Cet ensemble donne à la cour un plan rectangulaire aux angles arrondis du plus bel effet.


Le corps principal a néanmoins été considérablement remanié au XIXe siècle, lui adjoignant un étage supplémentaire par exemple. De la demeure voulue par Antoine Bonnier, ne subsistent, dans son état d’origine, que le portail monumental.

Autre élément d’origine que le XIXe siècle a conservé : la corniche ornée de têtes féminines. Toutes différentes, elles sont caractéristiques de la première moitié du XVIIIe siècle.


Après le décès tragique d’Ange Elisabeth Bonnier, ses filles louent l’hôtel à la commune qui y installe temporairement l’hôtel-de-ville après l’abandon de l’hôtel de la comtesse de Ganges, et avant de l’installer place de la Canourgue.


La branche Bonnier d’Alco évolue dans le milieu de la magistrature locale loin des fastes et de la splendeur de la branche cousine : les Bonnier de la Mosson.

C’est cette branche qui fit ériger l’une des plus belles et des plus somptueuses folies aux abords de Montpellier. Plus discrète, la famille
Bonnier d’Alco subsiste encore de nos jours avec des descendants directs.

L’hôtel Bonnier d’Alco, comme on l’appelle aussi, est aujourd’hui loti entre plusieurs propriétaires. Un restaurant a ouvert ses portes dans son aile principale, permettant d’y savourer des mets délicieux tout en admirant sa cour d’honneur.(Merci à Francky pour ce reportage et ses photos)

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