A partir de la réunion de trois parcelles, un hôtel particulier s’est organisé, ouvrant sur les rues du Bayle et Philippy. La rue du Bayle a une forme de demi-cercle qui suivait certainement d’anciens remparts.
 
Ce qui a donné lieu à des parcelles triangulaires comme celle où est implanté l’hôtel Magnol. Cela accentue l’effet de surprise quand on entre, passant d’une façade étroite et discrète à la vue sur le grand escalier. Le triangle s’élargit jusqu’à la place Sainte-Anne où il y a une autre
entrée.
 

Jacques Philippe de Bornier, seigneur de Teillan, qui possédait aussi l’hôtel du même nom et déjà évoqué, en fut l’un des propriétaires. Il le cède, en 1701, à Pierre Magnol, un célèbre professeur de l’école royale de médecine de Montpellier, éminent botaniste, et dont la descendance occupa les fonctions de présidents trésoriers de France jusqu’à la Révolution.

C’est sans doute à lui que reviennent certaines modifications comme son entrée sur la rue Philippy, face à l’église Sainte-Anne. Selon un modèle alors en vogue, le portail est surmonté d’un fronton triangulaire et s’ouvre dans le mur clôturant la cour.
 

Une tête féminine coiffée d’un panache de plumes et deux consoles à enroulements constituent un décor simple autour de la porte en plein cintre.

Mais la partie la plus ancienne de l’hôtel, reconstruite au XVIIe siècle, donne sur la rue du Bayle. La conception de cet hôtel peut être attribuée à Antoine Giral père, fondateur de la célèbre dynastie d’architectes de ce nom.
 

Une fois la porte franchie, nous sommes subjugués par la délicatesse de la cour au fond de laquelle s’élance un escalier d’honneur très aérien.
Aménagé vers 1680, il est l’élément le plus marquant de l’architecture de la demeure. C’est ce que l’on voit en premier en entrant et surtout, sa rampe en fer forgé lui donne beaucoup d’élégance.
 

Les amateurs de ferronnerie admireront ce méli-mélo de cœurs entrelacés et le superbe enroulement de feuilles d’acanthes qui marque la naissance du garde-corps.
 

La ferronnerie, réalisée à la fin du XVIIe siècle, compte parmi les plus délicates et rappelle certaines déjà rencontrées dans les hôtels de Fizes et de Beaulac.
 

Mais ce n’est pas la seule particularité de cette cage d’escalier remarquable. Elle a, malgré sa taille, une certaine légèreté, qui est due à la voûte qui le soutient.
 
La pierre suspendue à la jonction de la seconde volée de marches et du palier est une clé de voûte, qu’on appelle clé pendante.
 

En fait, cette pierre doit « pendre » pour pouvoir faire contrepoids et assurer la solidité de l’ensemble. Les escaliers ainsi conçus sont relativement rares dans la cité.
 

La belle voûte en anse de panier qui surmonte la cage d’escalier est délimitée par une corniche ornée de gargouilles à têtes de monstres, toutes différentes.
 

Au centre de la voûte, on admire une belle clé à volute, ornée d’un tournesol. Un ornement peu répandu dans les demeures montpelliéraines, qui n’est pas sans rappeler les tournesols de l‘hôtel de Beaulac.


Cet ornement floral est sans nul doute un clin d’œil au commanditaire de la demeure, Pierre Magnol. Il y résida à partir de 1701 et ce, jusqu’à sa mort en 1715.

Outre ses compétences en médecine, il fut l’auteur d’importants travaux de recherche, notamment dans le domaine de la classification des végétaux.

Plus de 2000 espèces de la région sont recensées et ordonnées pour
constituer les prémices des classifications phylogénétiques modernes. En 1694, il devient intendant du Jardin Royal des Plantes de Montpellier et quelques années plus tard, son patronyme est attribué à un nouveau genre de plante découvert en Amérique et dénommé « magnolia ». (merci à Francky pour cet article et ses photos)

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