Il y a 10 ans le couturier Yves Saint-Laurent s’éteignait après avoir régné sur le monde de la mode avec la classe qu’on lui a toujours connue. Ce style élégant, intemporel qui traverse les ans et qui a sublimé tant de femmes. Bertrand Meyer-Stabley, auteur de nombreuses biographies sur les membres du Gotha mais aussi sur la mode, et Lynda Maache reviennent en détails sur la vie entre ombre et lumière de ce génie du coup de dessin, très à cheval sur les rituels lors de ses défilés, ayant avec son compagnon Pierre Bergé le goût du bau pour leurs demeures en France et à Marrakech.

 

Né à Oran en 1936, il compte une prestigieuse ascendance souvent totalement méconnue : la famille Mathieu-Saint-Laurent compte ainsi dans ses ancêtres Michel Leonard Mathieu de Hedelsheim, procureur de Strasbourg lors de la Révolution française et qui voit son ascension professionnelle s’accélérer avec l’arrivée de Napoléon I au pouvoir. Ensuite sous la Restauration et Louis XVIII, il est conseiller à la Cour royale de  Colmar. Un autre membre de la famille Joseph Mathieu-Saint-Laurent, maire de Sélestat, office en tant que notaire lors du mariage de Napoléon Bonaparte et Joséphine de Beauharnais.

 

En 1953, sa route va croiser celle d’un autre gentleman de la mode : Hubert de Givenchy. Yves Saint-Laurent a pris part à un concours et envoyé trois dessins. Dans le jury, on retrouve Christian Dior, Jacques Fath et Hubert de Givenchy. Il décroche le 3ème prix et son modèle sera reproduit dans les ateliers de la maison Givenchy. On connaît la suite.

 

Ses tendances, la création du prêt à porter, du smoking pour femme, les influences d’artistes et de lieux comme le Maroc sur ses créations. Autour de lui une « cour » de fidèles dont Loulou de la Falaise, fille d’un comte français, qui restera toujours sa muse et qui crée les bijoux s’harmonisant parfaitement avec les tenues du couturier.

Si il habille Catherine Deneuve qui devint une amie (elle se sépare d’ailleurs de ses robes Yves Saint-Laurent en ce début 2019 lors d’une vente aux enchères), il a aussi les faveurs du Gotha.

La princesse Grace de  Monaco et plus tard sa fille Stéphanie qui apparaissait dans les années 80 toujours spectaculaire lors du bal de la Croix-Rouge vêtue par la célèbre maison, l’impératrice Farah d’Iran restée proche et qui assista à ses funérailles, la reine Noor de Jordanie, la grande-duchesse de Luxembourg,…

Sarah Ferguson au temps de son union avec le prince Andrew, était vivement critiquée pour ses choix vestimentaires, faisant pâle figure à côté de a belle-sœur la princesse Diana.

C’est ainsi qu’un accord fut conclu entre Yves Saint-Laurent et la duchesse d’York. Des tenues furent mises à sa disposition. Bien que sourcilleux quant au fait que la belle-fille de la reine Elizabeth s’habille chez un couturier français, les critiques n’eurent plus rien à redire : Sarah avait incontestablement désormais beaucoup d’élégance. Le jour où elle quitta la maternité en 1990 avec sa deuxième fille la princesse Eugénie, Sarah était d’ailleurs en Saint-Laurent.

Aujourd’hui, il existe la Fondation Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent à Paris qui montre des pièces iconiques des collections mais aussi à Marrakech où le créateur possédait la Villa Majorelle qui l’inspira tant.

« Yves Saint-Laurent. Le soleil et les ombres » se lit avec la nostalgie de la grande époque de la couture parisienne et de l’art de vivre de ses créateurs. 

« Yves Saint-Laurent. Le soleil et les ombres », Bertrand Meyer-Stabley & Lynda Maache, Editions Bartillat, 2018, 336 p.