Des deux plus célèbres maîtresses de Louis XV, la marquise de Pompadour et la comtesse du Barry, la première a toujours éclipsé la seconde. La vie de la du Barry, née Jeanne Bécu, représente pourtant l’une des plus grandes tragédies de l’Ancien Régime. C’est l’histoire de l’ascension fulgurante d’une « enfant de l’amour », née en 1743, fille naturelle d’un moine et d’une couturière, devenue l’égale d’une reine et qui finira sa vie sur l’échafaud en 1793. Jolie et subtile, elle fut exploitée pendant plusieurs années par un proxénète fameux, le comte du Barry, surnommé le « roué », qui lui fera épouser son frère pour la présenter à la Cour. Au sommet de sa gloire, l’ancienne « grisette » marquera par son mécénat les dernières années du règne de Louis XV.

Elle imposera la mode parisienne dans toute l’Europe. Mais, terriblement jalousée, malgré sa générosité et sa bonne humeur, elle sera exilée de la Cour par Marie-Antoinette, pour qui elle représentait un « nom de scandale ». Elle mènera ensuite, jusqu’à la Révolution, une existence riche et libre de femme indépendante. A travers le portrait alerte et documenté de cette vie, qui incarne avant tout une « époque » (Sainte-Beuve), le livre de Jacques de Saint-Victor met au jour des aspects méconnus de la personnalité de Mme du Barry. Il nous introduit dans l’univers cruel de la Cour, avec ses intrigues et ses coups bas, et dans le monde de la débauche parisienne du XVIIIe siècle, où l’on croise le prince de Ligne, le maréchal de Richelieu, et tous ceux qui servirent de modèle au Valmont des Liaisons dangereuses. La destinée de la comtesse du Barry, la « catin royale », comme l’appelait Marat, illustre à merveille cette « civilisation des moeurs » (Elias) et le basculement d’une société, du libertinage à l’échafaud.

Jacques de Saint-Victor, 38 ans, docteur en histoire du droit, collabore au Figaro et enseigne l’histoire des idées politiques à l’Université de Paris VIII- Vincennes. Il a participé à plusieurs ouvrages collectifs et publié La Chute des aristocrates (1787-1792) (Perrin). –Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre. (Source : Maison d’édition)

« Madame du Barry, un nom de scandale », Jacques de saint Victor, Librairie académique Perrin, 2009, 312 p.