Pour celles et ceux qui se passionnent pour l’Histoire des monarchies, les mémoires du prince Michel de Grèce seront un pur régal de lecture puisque le prince vous plongera dans ses souvenirs et anecdotes familiales avec un œil de spectateur de premier plan. Michel de Grèce est connu du grand public pour ses nombreux romans et biographiques historiques dont « La Bouboulina » ou le « Rajah Bourbon » ou ses interventions dans des documentaires.

Né à Rome en 1939, il est le fils unique du prince Christophe de Grèce, 8ème et dernier enfant du roi George I (assassiné à Salonique en 1913) et de la reine Olga, née grande-duchesse de Russie. En 1929, le prince Christophe épouse à Palerme la princesse Françoise d’Orléans, fille du duc de Guise alors prétendant au trône de France. L’enfance de Michel est bouleversée par le décès de son père lorsqu’il n’a qu’un an. Très lié à sa mère, il a la douleur de la perdre lorsqu’il n’a que 13 ans…

Michel a alors quelques instants pour choisir : va-t-il vivre avec une sœur de sa mère et ses cousines ce qui représente un cocon familial rassurant ou opte-t-il pour aller avec son oncle le prince Henri de France, comte de Paris à la tête d’une famille de 11 enfants ? Michel de Grèce ne sait pas encore aujourd’hui ce qui motiva son choix mais lui l’enfant meurtri et discret, opte pour intégrer la vie tumultueuse de cette grande famille.

Après plusieurs mois de très grande souffrance personnelle, il reprend le dessus et trouve vite ses marques. Il assiste aux dîners que son oncle donne avec d’importantes personnalités en son domaine de Louveciennes. Après des études à Sciences Po, il lui appartient de reprendre son rang au sein de la famille royale de Grèce rentrée d’exil. Son cousin (qui a près de 40 ans de plus que lui) le roi Paul règne. Il s’établit avec le reste de la famille au domaine de Tatoi, une belle demeure bien éloignée du luxe des palais royaux où l’ambiance est résolument familiale. Il y tisse des liens d’affection très forts avec ses cousines Sophie (devenue par la suite reine d’Espagne) et Irène, de même qu’avec son cousin Constantin, futur roi.

Son service militaire lui permet de découvrir en profondeur la culture grecque. Il seconde son oncle et son cousin mais ce destin au sein de la Cour en l’enthousiasme guère. Il sent qu’il étouffe lors des grandes et interminables cérémonies officielles. De par sa position, il est amené à côtoyer de très nombreuses personnalités et Chef d’Etat comme le général de Gaulle. Les mariages de ses cousins Sophie avec Juan Carlos d’Espagne, et Constantin, jeune roi, avec Anne-Marie de Grèce sont autant d’occasions de revoir tous ses cousins du Gotha et d’admirer en parfait connaisseurs les parures de bijoux les plus somptueuses.

Michel a fait la rencontre d’une jeune femme issue de la riche bourgeoisie d’Athènes, Marina Karella qui est artiste. Il renonce à ses droits dynastiques hypothétiques pour l’épouser. En 1967, son cousin Constantin se voit imposer par l’armée un nouveau gouvernement. Probablement mal conseillé, il joue le jeu dans l’espoir de pouvoir provoquer à terme un contre coup d’état grâce à l’appui d’autres militaire mais ce coup de poker échoue. La famille royale est contrainte à l’exil.

Michel qui n’est plus dynaste, peut rester en Grèce où l’ambiance devient très pesante. Avec son épouse et leurs deux filles, il va vivre successivement à New York et à Paris. Son épouse lui fait découvrir un large panel d’artistes avec lesquels il se lie comme Niki de Saint Phalle, Maria Callas ou Andy Warhol.

Il assiste aussi émerveillé aux fastes des célébrations de Persépolis en Iran en 1971 où l’on retrouve toutes les têtes couronnées dont l’impératrice Farah avec qui il a conservé jusqu’à ce jour une grande amitié.

Il narre aussi avec pudeur et émotion le bref retour de la famille royale pour enterrer la reine mère Frederika en 1981. Intéressantes aussi ses deux rencontres lors de dîners avec la princesse Diana et sa fine analyse de la grande faculté d’adaptation de la reine Elizabeth après ce torrent d’émotion populaire suite au tragique décès de la reine des coeurs. Un prince qui évoque des situations, des visites, des rencontres avec l’élégance des derniers gentlemen.

Michel de Grèce, « Avec ou sans couronne », Stock, 2019, 366 p.