Installé dans la maison familiale du peintre au n°12 de la rue de la Rouchefoucauld à Paris, le musée fut entièrement pensé par Gustave Moreau. Le musée Gustave Moreau rassemble la quasi totalité de l’œuvre de ce peintre qui n’a pas eu besoin de vendre ses œuvres (ou qui ne voulait pas les vendre) et qui a souhaité que son lieu d’habitation devienne son musée. L’artiste a légué son musée à l’Etat en 1897. Le musée ouvre en 1903.

Le rez-de-chaussée récemment restauré comprend six petites pièces donnant sur un jardinet, quatre salles sont garnies de dessins et d’esquisses dont l’une est consacrée aux maîtres d’Italie.

Les appartements du premier étage se présentent comme un petit musée sentimental où sont accrochés portraits de famille et œuvres offertes pas ses amis Théodore Chassériau ou Edgar Degas. L’appartement et le bureau du peintre sont remplis de ses effets personnels, donnant une bonne aperçu de sa vie de tous les jours. Après restauration à l’identique, l’appartement du peintre a été ouvert au public en 1991.

Les deuxième et troisième étages occupés par d’immenses ateliers, présentent plusieurs centaines de peintures, d’aquarelles, et pas moins de quatre mille dessins, donnant un large aperçu des techniques et sujets de celui qui fut le maître incontesté du Symbolisme français. Les peintures exposées sur tous les murs du sol a plafond… Mais le plus surprenant est l’escalier qui règne au bout de la pièce , monumental avec des beaux arrondis, il donne une côté surréaliste au cadre…. L’ancien chauffage est toujours présent.

Gustave Moreau est un peintre, graveur, dessinateur et sculpteur français, fils de Louis Moreau, architecte de la ville de Paris et de Pauline Desmoutiers (1802-1884), fille d’un ancien maire de Douai.

De santé fragile, Gustave reçoit  l’enseignement de son père la maison et passe son bac (ce qui en fait un des rares artistes l’avoir ). Il va une première fois en Italie a l’âge de 18 ans .En 1846, il a 20 ans et suit les cours du très classique François Picot (lui-même élève de David, et qui a pour élèves Cabanel, Baudry (décorateur de l’opéra Garnier) .

Il est ensuite admis l’école des Beaux Arts et passe des heures au Louvre copier les toiles de maîtres. Il admire Delacroix et est très ami avec Chasseriau. En 1852, il débute sa carrière a 26 ans en faisant des premiers envois au Salon. En 1857 Moreau n’obtient pas le très convoité Prix de Rome qui lui assurerait plusieurs années la Villa Médicis tous frais payés C’est donc à ses frais qu’il part a nouveau en Italie (son ami Chassériau est mort l’année précédente) et  revient deux ans plus tard.

Il copie les maîtres de la renaissance, peint, dessine….Il s’inscrit donc , au niveau de sa formation, dans la plus pure tradition classique, en opposition totale avec d’autres contemporains comme Courbet, Millet etc… qui s’intéressent au sujet de la vie moderne plutôt qu’à l’antique (courant réaliste qui deviendra pour certains  naturaliste).

Au Salon de 1876, deux peintures de Gustave Moreau sur le thème de la danse de Salomé sont très remarquées : Salomé dansant, dite Salomé tatouée et L’Apparition. Elles suscitent un enthousiasme inattendu tant de la part du public que des journalistes.

Salomé dansant dite « Salomé tatouée » : Dans un palais, sous le regard d’un souverain, assis sur un trône à l’arrière-plan, une très jeune femme parée de bijoux et d’une haute coiffe esquisse un pas de danse. Ce fut l’oeuvre phare de toute une génération, car elle fut popularisée par le roman À Rebours de Joris-Karl Huysmans qui la décrit ainsi : « elle devenait, en quelque sorte, la déité symbolique de l’indestructible Luxure, la déesse de l’immortelle Hystérie, la Beauté maudite. » Allant au-delà de l’anecdote, Moreau transcrit ce qui est central dans le texte biblique : un drame sacré au coeur du pouvoir politique dont l’enjeu est la tête du Baptiste.

« L’Apparition », huile sur toile , 140 x 103 cm: Cette toile illustre un épisode tiré du Chapitre XIV de L’Evangile de saint Mathieu. Jean-Baptiste, pour avoir stigmatisé l’union illégitime entre Hérodiade et le roi Hérode, a été enfermé. Pour se débarrasser de cet importun, la reine, au terme d’une danse que sa fille Salomé exécute devant le roi, l’engage à demander en récompense la tête de Jean-Baptiste. Ce court récit a donné lieu à de très nombreuses œuvres se focalisant sur la figure de Salomé qui n’est pourtant pas l’instigatrice du crime. Cette princesse juive va enflammer l’imaginaire des peintres, devenant l’archétype de la femme fatale.

Ce riche décor ornemental, caractéristique de l’art du peintre, emprunté aux siècles les  plus reculés, aux civilisations les plus lointaines, rend cette scène difficile à situer dans l’espace et le temps et ajoute à son caractère énigmatique. Gustave Moreau transforme cet épisode biblique en une fable, un poème peint dont le propos se veut édifiant en même temps que prétexte au rêve.

Parmi les œuvres exposées, on peut voir aussi son Jupiter et Sémélé (1895), les Chimères (1884), le Retour des Argonautes (1891-1897) et aussi  La Vie de l’Humanité,  tableau qui se présente comme un retable, richement orné (un peu trop) et doré à l’or fin.

Maison-atelier unique à Paris, le musée national Gustave Moreau a su conserver toute la magie de son atmosphère originelle. Il est situé au cœur de la Nouvelle Athènes, dans le 9e arrondissement, au pied de la butte Montmartre.

Cette maison, avec celle d’Ary Scheffer ( musée de la Vie Romantique), est une des deux maisons- musées du quartier, lieu de vie et de travail d’un artiste. (Merci à Guizmo)