On ne soupçonne pas l’existence de ce sublime hôtel particulier que la famille de Camondo a fait construire il y a cent ans derrière le Parc Monceau. D’Istanbul aux camps de concentration, l’histoire de cette famille de banquiers collectionneurs d’art se dévoile dans cet écrin merveilleux.

Le grand-père Abraham Salomon fait fortune à Istanbul où il est une personnalité reconnue pour ses affaires de banquier mais aussi pour son esprit érudit et philanthrope. Il œuvra notamment beaucoup pour l’acceptation de la communauté juive en Turquie. Déplacée en Italie, la famille obtient du roi la nationalité italienne et le titre de comte. Les deux fils d’Abraham reprennent le flambeau paternel à la fin du XIXe siècle. Et c’est aussi doués en finances qu’amoureux des arts et des idées philanthropiques qu’ils viennent s’installer à Paris pour faire prospérer leurs affaires.

Moïse, petit-fils d’Abraham fera reconstruire pour son fils Nissim en 1911 l’hôtel particulier où s’était installé son père et qui n’a plus changé depuis. On y accueille le tout Paris pour des festivités grandioses mais qui seront malheureusement de courte durée car la guerre éclate et Nissim est tué au front. Lorsque Moïse décède en 1935, il lègue alors sa maison à l’Etat français pour que ses collections soient à jamais conservées et exposées comme il l’a souhaité.

Quand on découvre la richesse de ces collections, nous comprenons bien pourquoi il l’a voulu ainsi. Passionné du XVIIIe siècle, Moïse a rassemblé dans son hôtel des pièces d’une valeur inestimable : bureaux, tentures, vaisselles, tapis, tableaux…

Certains ont appartenu à Madame de Pompadour, d’autres ont été dessinés pour Mesdames sœurs de Louis XV et d’autres seigneurs de l’Ancien Régime.

Collectionneur averti, Moïse de Camondo n’oublie cependant pas le confort et dote sa maison de tout ce qu’il y a de plus moderne à l’époque dont de spacieuses salles de bains et une immense cuisine. Depuis que les Camondo ont quitté les lieux, rien n’a pour ainsi dire bougé.

La sœur de Nissim, seule survivante de la famille sera déportée en 1942 avec sa famille au camp de Drancy puis à Auschwitz et Birkenau. La renommée de ses pères, la mort de son frère au front pour la patrie ne les protégera pas plus que les autres.

Le jardin du musée Nissim de Camondo réalisé vers 1912 par le célèbre architecte paysagiste Achille Duchêne, écrin de verdure, classé au titre des monuments historiques, borde le parc Monceau. Cliquez ici pour plus d’information sur l’histoire de la famille. (merci à Guizmo)

Musée Nissim de Camondo, 63 rue de Monceau 75 008 Paris.