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Agnès représentait « Noblesse et Royautés » au château de Fredensborg lors du dîner de gala en l’honneur du président. Voici ses impressions sur cette soirée.

Noblesse et Royautés : Vous attendiez-vous à cette atmosphère ?

Agnès : Je pensais n’être accréditée que pour l’arrivée des invités. Ce qui me comblait déjà beaucoup. Quand j’ai vu tout le monde ranger ses affaires, je croyais qu’une partie de la presse sortirait avec moi et que les pontes de la presse iraient à l’intérieur rejoindre les caméras de télévision déjà installées.

Mais, tout le monde s’attroupe devant l’escalier emprunté quelques minutes plus tôt par les invités, tout le monde. Je ne comprends pas trop et me mets dans la file d’attente, pas de raison de rester sur le carreau. Je cache mon badge qui n’indique que la « pool » à l’extérieurd, je n’ai pas de badge « balcony ». Personne ne vérifie et je souris à qui mieux mieux pour amadouer et pour prévenir toute initiative fâcheuse.

On attend de longues minutes. Les Danois sont hyper-décontractés, comme ils l’ont été pendant toute l’arrivée des invités.

C’était une ambiance bon enfant. Cette fois-ci, ils interpelaient tout le monde, leur demandaient de poser, de se tourner, de s’approcher, de lever le menton. Les invités jouaient le jeu. Les hommes étaient orgueilleux de montrer leurs femmes avec leurs jolies coiffures. Les ministres enlaçaient leur maris ou leurs femmes. Les dames, ministres ou pas, étaient fières de jouer à la star d’un soir dans leur robe de soirée, de vraies midinettes !

Pourtant, 2/3 robe auraient été passées au lance-flamme par quelques chroniqueuses de mode d’ici.

Une ministre aux cheveux courts et blancs semblait toute heureuse dans sa robe fourreau rose. La première ministre, qui avait déjà porté une fois la même robe que la princesse Marie, avait opté cette fois pour la dernière robe de Kate, en version longue, une robe dorée à paillettes…

En face, avec la presse vietnamienne, j’observais ce spectacle joyeux. Je photographiais les personnes qui m’intéressaient, mais je me réservais pour la bataille à venir. Les vietnamiens mangeaient leur sandwichs, assez indifférents à ces personnalités danoises. J’aurais été bien incapable d’avaler un truc, j’attendais les diamants !

Pour l’arrivée de la Princesse Benedikte et les 2 couples princiers, les vietnamiens se sont mis à mitrailler à leur tour. Impossible de rester indifférents devant une telle splendeur.C’est encore allé vite. Cette impression de n’avoir rien vu tout en étant si près.

Enfin, on entre dans le temple, directement sur le balcon qui longe les 4 côtés de cette pièce d’apparat, située sous le dôme du palais.

Elle n’est pas si grande, les 19 tables sont assez serrées à côté de la grande table d’honneur, mais elle est vertigineusement haute, jusqu’à l’extrémité du dôme. C’est impressionnant, comme une immense cathédrale !

Le silence règne, 10 projecteurs puissants illuminent la pièce. On attend au moins 10 minutes. Impression émouvante d’être le témoin d’un grand évènement. Ambiance feutrée. Les hommes en habits rouges sont immobiles ou bougent lentement, on attend.

Un porte s’ouvrent, le invités rentrent, c’est le brouhaha. Chacun cherche sa table et circule difficilement. Les couples sont séparés. Les danois sont mélangés aux vietnamiens. Ces compagnons d’un soir se serrent la main et font connaissance.

On les regarde, ce sentiment gênant de regarder dans un bocal, de voir des détails intimes, comme une calvitie naissante, ou pas, ou une ouverture de décolleté intéressante.

Musique, trompettes, la porte s’ouvre, les 2 couples princiers et la princesse Benedikte rentrent.

Puis, apparait la Grâce. Mes photos d’intérieurs ne sont pas formidables mais je suis enchantée de la photo en tête de l’article « La Reine du Danemark préside le dîner de gala ». Ce geste de la Reine, c’est la grâce. Je suis bluffée par son rayonnement, sa maîtrise de la situation, sa robe qui rend tant hommage à sa beauté et bien sur ces pierres qui brillent. Ce n’est pas surchargé du tout, ce n’est pas vulgaire, « je m’a tu vu », « sapin de noël »….

Non, ce n’est rien de tout cela, c’est féerique tout simplement. Les discours se font, les toasts. C’est réglé comme du papier à musique.C’est énorme, j’assiste en live à un royal spectacle.

30 minutes intenses ont passées, on nous montre la sortie. Les 10 projecteurs s’éteignent, la salle est presque plongée dans les pénombre, à peine éclairée par les bougies et quelques lustres. Le festin va commencer !

Noblesse et Royautés : Pouvez-vous nous situer le château de Fredensborg ?

Agnès : Fredensborg se situe à 30 minutes en voiture au Nord de Copenhague (mais 1h30 en transport en commun en raison d’un long changement à Hillerod). Il n´est pas loin du « Versailles danois », le château de Frederiksborg. La reine y réside un majeure partie de l’année. On a accès au parc toute l’année mais l’intérieur ne se visite que le mois de juillet. Pour différentes raisons, j’ai laissé passer ces mois et aller sur le balcon de cette grande salle insolite m’a impressionnée.

Noblesse et Royautés : Hormis les invités et la presse accréditée, y a-t-il du public autorisé ?

Agnès : Non seulement il n’y avait pas de public autorisé, ni de badauds dans les parages, mais un couple résidant à 2 pas du château m’a demandé la raison de toute cette agitation quand je suis sortie.

Noblesse et Royautés : Pourriez-vous nous expliquer le déroulement de cette soirée de votre arrivée à celle des invités ?

Agnès : Je suis arrivée comme prévu en avance. La fouille a été succincte, juste un oeil rapide dans les sacs. Cette fois-ci, pas de chien renifleur ni de fouille au corps.

Les invités ont commencé à arriver vers 19h30. La délégation danoise est arrivée en bus, certains en taxi, d’autres avec leurs chauffeurs…

Bien sûr, les membres de la famille royale sont arrivés dans des voitures de la Maison royale, avec chauffeur, ces fameuses voitures immatriculées d’un seul numéro, vers 20 heures.

Nous n’avons pas vu arriver la Reine qui réside à Fredensborg et recevait donc chez elle, et je pense que c’est là que le Président vietnamien y loge, je n’en suis pas sur mais on ne l’a pas vu arriver.

Les invités ne sont rentrés dans la salle d’apparat que vers 20h35, ils ont donc pris un verre dans une autre salle au préalable.La famille royale est entrée 5/10 minutes plus tard dans la salle grandiose, avec le couple présidentiel vietnamien.

La partie discours/toast a duré un peu plus d’un quart d’heure.

Noblesse et Royautés : Vous avez déjà couvert la visite de jour du roi et de la reine de Pays-Bas en journée au château de Fredensborg, est-ce que l’ambiance est différentes lors d’un dîner de gala ?

Agnès : Ce qu’il y a en commun, c’est tout ce protocole, cette sécurité discrète mais bien présente, cette ambiance feutrée, ces personnes en costumes rouges, compassés, cette frontière hermétique entre les « royaux » et la Presse. Il n’y a aucune complicité avec la Presse dans ces évènements si solennels. Les « royaux » sont imprégnés de leur mission de représentation et d’accueil de leur hôte. Ils nous accordent quelques précieuses secondes à poser, mais on a droit à aucune prolongation.

La différence par rapport à la visite royale hollandaise, je l’ai notée chez les journalistes des 2 bords.

D’abord les danois plus joyeux que jamais, qui riaient entre eux, toujours habillés « casual » et plus bruyants qu’en juin dernier.

Puis la presse vietnamienne, en costard cravate, pas stressée du tout comme l’avaient été les hollandais. Ainsi. aucun incident belgo-franco-vietnamien à déplorer.

Noblesse et Royautés : Comment vous a semblé le protocole pour ce dîner de gala en comparaison du protocole en journée ?

Agnès : Je n’ai pas noté de différence dans ce protocole bien codifié.Je ne connais pas spécialement les règles mais on les devine vite au comportement des gens.

Une anecdote se confirme depuis que j’observe le couple Joachim et Marie.Le Prince Joachim est censé être du côté de la voiture qui donne immédiatement sur le lieu de la réception. Il n’a donc pas besoin de la contourner.Il respecte scrupuleusement le protocole quand c’est incontournable, comme l’ouverture du Parlement ou l’arrivée au Kastellet le jour du Drapeau, car il est accueilli solennellement par un officiel à la sortie de la voiture.

A chaque fois que la voiture est juste ouverte par un laquais ou un garde du corps et qu’il est attendu à l’intérieur, il laisse la place d’honneur à la princesse Marie. Mon observation s’est vérifiée une fois de plus pour ce dîner de gala.

Une mini entorse au protocole pour valoriser son épouse, et qui m’a permis d’ailleurs de la photographier à la sortie de la voiture, et avec ses talons, ce sont des pas en moins à faire.

Noblesse et Royautés : Quelle est l’atmosphère qui règne pendant un dîner de gala ?

Agnès : Brouhaha quand les invités sont rentrés. Mais discipline exemplaire. Quand la reine a tapé sur un verre pour demander le silence, il fut immédiat.

Discipline de la presse qui s’est abstenue de prendre des photos pour que l’on puisse mieux entendre le discours. Il y avait un micro, mais le son n’était pas fort, il ne fallait donc aucun bruit.Ambiance chandelles et lustres anciens pour le savoureux festin.

Surtout, la magie était dans la musique jouée par le corps de musique de la Garde Royale. Cela rajoutait au côté grandiose et solennel.

Les musiciens étaient dans une pièce située à côté du balcon, la porte était ouverte, on les entendait mais on ne les voyait pas.

Noblesse et Royautés : Comment avez-vous trouvé la reine, la princesse héritière, la princesse Marie et la princesse Benedikte ?

Agnès : C’est allé bien vite, comme d’habitude.Elles ont posé mais c’était un ouragan qui passait. Je n’ai pas vu grand chose lors de leurs arrivées. Elle ont discrètement posé, princièrement.

A l’intérieur, elles étaient extrêmement concentrées, pas souriantes, le moment ne semblait pas s’y prêter.

Noblesse et Royautés : Dans son discours, la reine de Danemark a rappelé que le prince Henrik avait vécu au Vietnam et qu’il avait si souvent partagé ses souvenirs en famille. La reine, le prince consort et le couple héritier ont d’ailleurs visité le Vietnam en 2009. Percevait-on dès lors une plus grande convivialité ?

Agnès : Pas du tout, c’était tellement codifié ces discours et ces toasts. Le Prince Henrik écoutait religieusement les discours la tête en l’air, mais semblant inspiré.

Je n’ai pas vu de complicité particulière, juste la politesse d’usage dans ce genre d’évènement.

Noblesse et Royautés : Avez-vous l’une ou l’autre anecdote à nous faire partager ?

Agnès : Ma stupeur quand un cameraman vietnamien me montre une photo qu’il vient de prendre et me demande qui est dessus. Je reconnais le couple Joachim et Marie. Il est vrai que le Danemark est petit, il fallait remettre dans le contexte, mais d’un autre côté il avait accès à ce château pour ce dîner de Gala. Je connais tant de gens qui auraient voulu être à sa place.C’était sympa, j’ai un peu servi de guide à 2 d’entre eux.