C’est un tout petit pays qui a eu l’idée de proposer aux Nations Unies la célébration, le 20 mai de chaque année, de la Journée Mondiale des Abeilles. Il frappera à cette occasion la pièce commémorative ci-dessous en 2018 : nous parlons de la Slovénie. La date du 20 mai correspond à la naissance d’Anton Janša, apiculteur slovène du XVIIIe siècle, qui a posé les bases de l’apiculture moderne. La défunte Yougoslavie avait émis un timbre en son honneur en 1973, à l’occasion du 200e anniversaire de sa mort.

Il avait commencé son activité d’apiculteur en 1769 et était devenu le seul professeur d’apiculture agréé par l’Empereur pour toute l’Autriche. Il était aussi l’apiculteur en chef des jardins impériaux à Vienne ainsi que l’auteur d’un traité de référence sur le sujet. L’Impératrice Marie Thérèse avait promulgué un décret qui obligeait tous les professeurs d’apiculture à utiliser ce livre.

On connaît l’importance des abeilles dans le processus de pollinisation – une certaine citation alarmiste attribuée à Einstein prophétise d’ailleurs la fin de l’humanité 10 ans après la disparition des abeilles. Ce rôle important des abeilles avait été identifié depuis très longtemps par de nombreuses cultures : Égypte ancienne, Inde, Mésopotamie, Grèce ancienne, etc.

Dans certaines civilisations, le concept a même tendu vers le sacré. Souvenons-nous que la Terre Promise est bibliquement appelée la « terre où coulent le lait et le miel ». Souvenons-nous également de l’ambroisie grecque, breuvage divin, breuvage promettant l’immortalité. L’idée a été reprise d’une certaine manière par la tradition chrétienne et elle en a conservé le nom : saint Ambroise est le saint patron des apiculteurs, et l’iconographie catholique le représente souvent aux côtés d’une ruche ou d’abeilles.

Mais venons-en à une présence des abeilles d’un autre ordre, c’est-à-dire à Childéric et à Napoléon. En 1653, des abeilles en or ont été retrouvées dans les reliques de Childéric, fils de Mérovée, père de Clovis, mort en 481. Parmi ces reliques, le manteau royal constellé de quelque 300 abeilles, ce qui a fait que les abeilles ont été considérées comme l’emblème des Mérovingiens.

Napoléon a repris le thème de l’abeille sur le manteau de son couronnement. Et quand il a modifié le blason de Paris en 1811, il en a profité pour remplacer les trois fleurs de lys par trois abeilles.

Entre Childéric et Napoléon, il y a eu les Bourbons et la fleur de lys, justement. Certains ont vu dans cette fleur de lys la représentation d’une abeille stylisée.

Si on regarde l’abeille à l’envers, tête en bas, est-ce possible, crédible, probable ? Je ne sais pas.

Avant de terminer cet article et de rendre hommage à la Slovénie, je souhaiterais parler du formidable potentiel graphique que représentent les abeilles et leur environnement : ruche, miel, alvéoles, etc.

D’abord en montrant les pièces slovènes qui ont reçu les deuxième et troisième prix au concours que la Slovénie avait organisé pour choisir sa pièce commémorative 2018, dont le visuel gagnant se trouve en ouverture :

Ce sont trois belles pièces et, si on m’avait demandé mon avis, j’aurais été d’accord avec le classement. Ensuite en cédant à mon envie irrépressible de montrer les deux faces de la pièce de collection lettonne consacrée au miel en 2017, pièce hexagonale de 5 EUR en argent plaqué or. Personnellement, je la trouve superbe. C ’est une question de goût bien sûr, mais quoi qu’il en soit, on ne pourra pas lui nier le mérite de l’originalité.

Certains pays n’ont à ce jour consacré aucune pièce en euros à la nature, alors que ce tout petit pays qu’est la Slovénie semble y attacher beaucoup d’importance, comme le démontrent nombre de ses pièces dont j’ai déjà parlé ou dont je parlerai plus tard. Sa demande aux Nations Unies concernant la Journée Mondiale des Abeilles n’en est que plus cohérente et mérite à mon sens d’être chaleureusement saluée. (merci à Sedna pour ce 94ème article)