Il est devenu tellement célèbre qu’on en oublie souvent que son nom, son surnom plutôt, signifie « petit tonneau ». Deux œuvres d’Alessandro Filipepi, dit Sandro Botticelli, figurent sur des pièces en euros : l’une de Saint-Marin et l’autre de l’Italie.

Autant le dire tout de suite : j’adore Botticelli. Et je trouve remarquable la pièce commémorative de 2 EUR de Saint-Marin qui ouvre cet article et qui montre un détail de son œuvre « Le Printemps ».

La toile a été exécutée entre 1480 et 1485 et représente sur sa partie gauche les Trois Grâces. C’est la figure de gauche de ce groupe qui a été reprise sur la pièce de Saint-Marin.

J’en reproduis le détail ci-dessous, à côté du détail de la figure de droite du même groupe, qui représente Simonetta Vespucci.

Simonetta Vespucci, née en 1453, morte de la tuberculose à 23 ans, était issue de la noblesse génoise. Elle était par son mari la cousine de celui qui donnera son nom à l’Amérique, Amerigo Vespucci. Elle était aussi la maîtresse de Julien de Médicis, le frère de LaurentJulien de Médicis est d’ailleurs représenté sur le même tableau, sous les traits de Mercure, tout à gauche. Et elle était également l’une des plus belles femmes de Florence. Botticelli l’a représentée à de nombreuses reprises, entre autres sur son tableau le plus célèbre, « La Naissance de Vénus ».

C’est ainsi que l’effigie de la pièce courante de 10 c de l’Italie, que tout le monde a vu circuler et qui représente un détail de ce tableau, c’est aussi Simonetta Vespucci.

 

Botticelli est toujours resté fidèle à Florence et aux Médicis. On ne lui connaît qu’une seule escapade, d’ailleurs commanditée par les Médicis en signe d’apaisement vis-à-vis du Vatican : en 1481, il est allé à Rome pour peindre trois fresques sur les murs latéraux de la Chapelle Sixtine, ayant été préféré à Léonard de Vinci par le pape Sixte IV.

Il est même resté fidèle à Florence malgré Savonarole, auquel il avait été contraint de livrer certains de ses tableaux pour les faire brûler lors du tristement célèbre Bûcher des Vanités en 1497 – puissions -nous ne plus vivre une telle période d’obscurantisme, où l’on brûlait même des instruments de musique.

Botticelli avait-il été plus que de raison sensible aux charmes de son modèle ? Est-ce une des explications de sa fidélité à Florence ? On peut l’envisager : il avait expressément souhaité être enterré aux pieds de Simonetta Vespucci. Cela lui fut accordé et ils reposent donc côte à côte depuis sa mort en 1510, 34 ans après la mort de la belle. (Merci à Sedna)