Voici un article en trois parties consacré au Palais Peterhof sous la plume de Néoclassique qui le dédie à son ami Hubert de Givenchy qu’il avait associé à la rédaction de cet article car il connaissait la Russie et admirait la beauté de tous ces palais russes du XVIIIe. Le touriste qui découvre les côtes de la Russie par le golfe de Finlande est saisi par les immenses façades jaune ocre et blanc du palais de Peterhof qui se déploient de manière spectaculaire sur près de 300m de long, semblant presque dominer à pic le golfe de Finlande.

C’est en 1714 que commence l’histoire de Peterhof. Celui qui n’est alors que le tsar Pierre 1er(1672-1725) (photo 2) entame la construction au bord de la Baltique, cette porte ouverte sur cet Occident qu’il rêve d’égaler, d’un vaste palais.Il entend ainsi affirmer de manière magistrale la modernisation de la Russie et son entrée dans le concert des grandes monarchies européennes du XVIIIe.

Parallèlement le souverain se fait édifier par l’architecte français Jean-Baptiste Le Blond un premier pavillon bas entouré de deux ailes dans le goût de ces maisons hollandaises qu’il affectionne (photo 3). Il donne le nom de « Monplaisir »en souvenir de cette expression favorite des rois de France, à ce petit édifice qui va lui servir de palais d’été. C’est de là qu’il va surveiller la construction du grand palais.

L’intérieur de l’édifice, fait de boiseries cirées et de sols sobrement carrelés de marbre noir et blanc reflète parfaitement les goûts simples de ce tsar passionné par les sciences (photo 4).

C’est le voyage qu’il effectue en France, entre mai et juin 1717, qui va le décider à construire un palais qui doit éclipser le faste et la magnificence de Versailles. Ebloui par le château de Marly qu’il a visité, il demande ensuite au même Leblond de lui édifier en bordure de la mer Baltique un second pavillon précédé d’une importante pièce d’eau qu’il dénomme « Marly » (photo 5).

L’architecte propose ensuite au souverain le plan d’un grand palais percé de plus de 200 fenêtres sur trois étages et flanqué de deux ailes en retour d’équerre(photo 6).

La construction va s’accompagner de l’aménagement de vastes jardin sen terrasses ornés au centre d’une imposante fontaine agrémentée de 36 statues des dieux et héros de l’Antiquité en bronze doré. Grâce à un savant réseau hydraulique favorisé par forte la déclivité du terrain,celle-ci descend en cascades successives qui se rejoignent dans un immense bassin surmonté d’une monumentale statue de Sanson terrassant le lion et rejoint la mer Baltique toute proche par un canal maritime (photo 7).

La construction de ce vaste programme va s’étaler sur sept ans et ce n’est qu’en 1723 que le palais est officiellement inauguré par celui qui, en 1721, est devenu l’empereur Pierre 1er.

Mais, à la mort de Pierre le Grand en 1725, le palais de Peterhof ne suffit pas à satisfaire les ambitions que sa fille, qui devient impératrice sous le nom Elisabeth1ere(1709-1762) (photo 8), nourrit pour son pays qui s’impose alors comme une puissance européenne de premier plan.

En 1747, cette dernière demande à l’architecte italien Bartolomeo Rastrelli, qui vient d’entamer sa carrière russe à St Pétersbourg, de donner au palais de son père la somptuosité baroque qui lui fait défaut. Ce dernier choisit alors d’enrichir les façades du palais de son père par des ornements baroques de stucs dorés.

Mais elle le fait également prolonger par deux longues ailes basses terminées par deux puissants pavillons coiffés de bulbes dorés. L’un est surmonté des croix de l’église du palais tandis que l’autre est sommé de l’aigle bicéphale. Tous deux symbolisent le double pouvoir sur lequel est bâti Tous deux symbolisent le double pouvoir sur lequel est assis l’empire de Russie : l’orthodoxie et l’autocratie (photo 9).

Les décors intérieurs viennent refléter l’ambition de la nouvelle impératrice d’éblouir le visiteur étranger. C’est ainsi le cas de l’escalier d’honneur ruisselant de dorures rutilantes et orné de hautes statues des quatre saisons (photo 10).

Ou plus encore de l’éblouissante salon de bal à l’italienne. Dans un luxuriant décor de bois sculpté et doré où se mêlent volutes, chérubins et fleurs, une vaste fresque au plafond figure l’Apothéose de la Russie sous les traits d’Elisabeth 1ere tandis que la marqueterie du parquet déploie son décor d’étoiles et de réseau de losanges (photo 11).

Egalement typique de ce grand goût baroque, le salon bleu orné du portrait en pied de l’impératrice et de grands poêles de faïence hollandaise, fait office de salle-à-manger.  (photo 12).

Mais à la mort d’Elisabeth1ereen 1762, les exubérances du baroque sont passées de mode. Catherine d’Anhalt-Zerbst qui devient alors impératrice sous le nom de Catherine II (photo 13) après avoir fait assassiner son époux,l’empereur Pierre III,va à son tour va profondément modifier une partie des décors intérieurs du palais en adoptant le style néoclassique plus intime et plus sobre.

C’est à un architecte français, Jean-Baptiste Vallin de la Mothe, assisté d’un architecte russe, Youri Velten, qu’elle confie la lourde tâche de transformer les intérieurs du palais en 1766. (Merci à Néoclassique pour cette première partie)