C’est au château de Peles à Sinaïa que la princesse Elisabeta, Charlotte, Josephine, Alexandra , Victoria de Roumanie voit le jour le 12 octobre 1894. Elle est la fille du roi Ferdinand et de la reine Marie de Roumanie, née princesse de Saxe-Cobourg-Gotha. La princesse Elisabeth a un frère aîné le futur roi Carol et quatre frères et sœurs cadets : Marie née en 1900 et future reine de Yougoslavie, Nicholas né en 1903, Ileana née en 1909 et Mircea (1913-1916).

Le bébé reçoit le prénom d’Elisabeth en hommage à sa grand-tante la reine Elisabeth de Roumanie, née princesse de Wied, connue sous son nom de plume « Carmen Sylva ». La mère d’Elisabeth, la future reine Marie n’ayant que 19 ans, c’est la reine Elisabeth de Roumanie qui prend sous son aile protectrice les deux premiers enfants de ses neveux. L’influence de « Carmen Sylva » sera très importante sur le caractère de Carol et Elisabeth et notamment sur leur éveil aux arts. Baptisée dans la religion orthodoxe, ce choix religieux impliquera que son père soit excommunié par le Vatican.

La princesse Elisabeth de Roumanie qui suit des cours de piano dès l’âge de 5 ans, est douée pour le dessin et prendra des cours de peinture qui développeront un talent certain.

La princesse parle couramment quatre langues et se passionne pour la musique classique. Sa collection de disques détruite lors de la guerre, aurait aujourd’hui une valeur musicale inestimable.

Dans ses mémoires, sa mère la reine Marie écrit :  » Elisabeth préférait rester seule. Petit enfant, elle pouvait être très sauvage et ses yeux brillaient, elle exprimait rarement ses sentiments en paroles. Ses mains étaient petites et fortes comme de l’acier. Très belle depuis qu’elle était bébé, les traits de son visage étaient très classiques. »

A la mort du roi Carol I en 1914, c’est son neveu Ferdinand, père d’Elisabeth qui lui succède mais ne sera couronné qu’en 1922. La famille s’installe alors au Palais Cotroceni de Bucarest. Pendant le Première Guerre Mondiale, le roi et les siens se retirent avec le gouvernement dans la ville de Iasi en Moldavie, seule région non occupée par les troupes étrangères.

1Avant le départ pour Iasi, la famille royale accomplissait de nombreuses activités officielles à travers le pays. La princesse Elisabeth se vit confier des activités centrées sur les œuvres caritatives. La princesse aimait particulièrement les milieux artistiques où elle se fit plusieurs amis mais la Cour estima que cela ne pouvait correspondre au rang de la fille d’un souverain.

Pendant la guerre, Elisabeth et sa sœur Marie dite Mignon, secondent sa mère la reine Marie qui s’investit énormément au sein de la Croix-Rouge.

La princesse Elisabeth de Roumanie entretenait une relation privilégiée avec sa grand-mère maternelle la grande-duchesse Maria Alexandrovna de Russie, fille du tsar Alexandre II et veuve du prince Alfred de Grande-Bretagne, duc de Saxe-Cobourg. Elles passaient régulièrement des vacances ensemble en Suisse. Depuis 1912, sa grand-mère cherchait un bon parti pour elle au sein du Gotha.

Le 28 juillet 1913 (10 août selon le calendrier grégorien), est signé le Traité de Bucarest. La Grèce y est représentée par son Premier Ministre Eleftherios Venizelos et le prince héritier George ( fils du roi Constantin I et de la reine Sophie ). La famille royale de Roumanie invite le prince George et Venizelos au château de Peles à Sinaia. A cette occasion, le prince fait la connaissance d’Elisabeth. Il reste très impressionné par sa beauté et surtout sa profonde culture. De son côté, Eleftherios Venizelos avec l’accord de Demetriu Ionesco, Ministre de l’Intérieur de Roumanie et ami très proche de Venizélos, voyait d’un œil très positif la perspective d’une union entre le prince héritier George et la princesse Elisabeth. Selon leur point de vue, ce mariage ne pourrait que renforcer les relations déjà étroites entre la Roumanie et la Grèce.

ElisabethGeorge de Grèce est doté depuis sa plus tendre enfance, d’une personnalité très calme et sérieuse, voire introvertie et renfermée. Il aime la lecture et déteste les grandes mondanités ou les grandes réunions à la Cour.

En septembre 2013, le Premier Ministre grec évoque cette possibilité de mariage avec le roi Constantin de Grèce. Ce dernier répond que « personnellement il ne croit pas aux mariages pour des raisons politiques mais que cette proposition peut-être directement discutée avec le diadoque. » Le prince se montre favorable à ce projet de mariage. Le prince était déjà sous le charme d’Elisabeth dont il gardait précieusement une photo près de lui. Une correspondance débuta entre les jeunes gens. Toutefois, la princesse roumaine ne partageait pas la même profondeur de sentiment. Sa tante la reine Elisabeth de Roumanie « Carmen Sylva » était opposée à cette union, estimant que sa nièce pourrait trouver un « meilleur mari ». Une première demande ne mariage est refusée en 1914.

La guerre séparera Elisabeth et George qui suivront leurs familles respectives en Moldavie et en Suisse. (Un immense merci à Tepi pour toutes ses longues recherches historiques dans des ouvrages en grec et anglais, son aide précieuse pour les traductions en vue de la rédaction de cet article et ses bons conseils – Copyright photos : DR et Merci à Arturo Beeche pour ses photos – Sources : livres biographiques de Stamatopoulos et Markezinis, Royalty Digest, « Elisabeta of The Hellens, Passionate woman,- Reluctant queen » de John Wimbles)

DEMAIN : suite du portrait d’Elisabeth de Roumanie, reine de Grèce