Intitulée « Noblesse Oblige », la vente exceptionnelle qui a eu lieu le 14 avril à Londres chez Sotheby’s a connu un succès record. Parmi les 472 lots du catalogue, 236 provenaient de la succession de la princesse Marie-Christine de Bourbon-Parme, avant-dernière fille du prince Elie de Bourbon, 10ème duc de Parme (1880-1959), disparue sans alliance à Vienne en novembre 2009.

Y figuraient notamment de très nombreux souvenirs historiques tels que tableaux, miniatures, orfèvrerie, mobilier ou objets d’art provenant des maisons souveraines de Bourbon, Bourbon-Parme, Bourbon-Sicile, Habsbourg, Hohenlohe-Schillingsfürst, Teschen ou Nassau. Mais parmi eux, 63 lots retenaient tout particulièrement l’attention. Ils provenaient des anciennes collections personnelles que la duchesse de Berry conservait dans son château de Rosny et qu’elle avait pu faire envoyer en Autriche juste avant la vente de son domaine en 1837. Comme prévu, lors de ces ventes d’objets au pedigree royal, les enchères s’enflammèrent.

Ainsi, les 75 pièces de la vaisselle d’argent provenant de l’ex-impératrice Marie Louise, duchesse de Parme, sur une estimation de 45.000£ furent adjugées à 91.250£. Une exceptionnelle paire de flambeaux, oeuvre du célèbre orfèvre Thomas Biennais, commandée par Charles II, duc de Parme, furent emportées par un collectionneur pour 85.250£ sur une estimation de 30.000£.

Mais ce furent les souvenirs de la duchesse de Berry qui donnèrent lieu aux plus spectaculaires batailles d’enchères : ainsi un amateur dut débourser jusqu’à 51.650£ pour acquérir les bustes en Sèvres de la princesse et de ses deux enfants estimés à 10.000£. Un extraordinaire bateau d’argent, offert comme cadeau de Noël au duc de Bordeaux en 1821 s’arracha 109.250£ tandis qu’un cadre comportant onze vues en grisailles du château de Rosny fut adjugée 61.250 £ sur une estimation initiale de 12.000£.

Le lot phare de la vente, la superbe boîte à peinture de la duchesse de Berry, oeuvre du célèbre tabletier Alphonse Giroux, ornée de précieuses miniatures figurant la princesse et ses enfants (cf. illustration) ainsi que des vues du château de Rosny, fut adjugée, après une longue bataille d’enchères, à 85.250 £ sur une estimation de 45.000 £. 

Plus étonant encore, une aquarelle, oeuvre du peintre Hilaire Thierry, figurant la pose de la première pierre de la chapelle Saint Charles de Rosny, représentée dans un cadre néogothique orné de médaillons et camées, monta jusqu’à 37.250 £ sur une estimation initiale de 4.000 £.

Enfin, une émovante aquarelle montrant la duchesse de Berry et le duc de Bordeaux en exil au château d’Holyrood en Ecosse, estimée à 800 £, fut emportée à 34.850 £.

Preuve s’il en est de la fascination qu’exerce toujours la duchesse de Berry qui fut à la fois une princesse charmante, une femme étonnamment moderne, une mère courageuse mais aussi un mécène exceptionnel dont le goût sûr et avisé est toujours aujourd’hui reconnu des grands amateurs et collectionneurs. (Merci à Neoclassqiue pour son compte-rendu)