Le Château du Bouilh, commune de Saint-André de Cubzac, est situé à 26 kilomètres de Bordeaux et de Blaye et à 29 kilomètres de Saint-Émilion (les trois villes sont classées au Patrimoine Mondial de l’UNESCO). Le Bouilh est constitué d’un ensemble de bâtiments : pavillon d’honneur et communs disposés en hémicycle qui datent du XVIIIe siècle. L’architecte est Victor Louis, architecte du Grand Théâtre de Bordeaux, qui y travailla de fin 1786 à août 1789. Le château fait l’objet d’un classement au titre des Monuments Historiques depuis le 17 mars 1943. Il est ouvert au public depuis cette date.

Le château du Bouilh qui est construit sur les bases d’un château médiéval, appartient aujourd’hui à la famille Feuilhade de Chauvin qui organise des visites du monument toute l’année. Les renseignements concernant cet ancien manoir sont peu nombreux. Nous savons seulement que le manoir avait un nombre restreint d’appartements : une salle basse, une salle haute, quatre chambres de maîtres, une cuisine, une fournière, des prisons. Un pont-levis décelait la présence des douves. Le château était ceint de murailles.

Le Bouilh était la propriété de la famille de Montferrand qui vendit au XVIè siècle le domaine à la famille de Lannes. Il est transmis ensuite aux Durfort puis aux La Tour du Pin. Le château passe de père en fils jusqu’au comte Jean-Frédéric de La Tour du Pin. Il débuta dans la carrière militaire en 1741, fut lieutenant-général des armées du roi, commandant des provinces du Poitou, d’Aunis et de Saintonge et député de la noblesse aux États-Généraux. Le manoir du Bouilh ne pouvait plus convenir à un tel personnage auquel souriait de plus en plus la faveur royale.

Comme un jour, le comte sollicita le roi Louis XVI de paraître dans sa province de Guyenne, et celui-ci lui ayant répondu « Mais il n’y a aucun château pour m’y recevoir ! », le comte résolut d’offrir à son roi un séjour digne de lui en faisant édifier l’actuel château. Mais en 1789, le comte est nommé par le roi Ministre de la Guerre.

Immédiatement, il ordonne d’arrêter la construction du château pour ne pas être soupçonné d’utiliser l’argent de l’État pour édifier une œuvre qui lui était propre. Compromis dans le procès de la reine, il fut arrêté et guillotiné le 28 avril 1794. Son fils, le marquis Séraphin de La Tour du Pin hérita du château. Son épouse est Lucy Dillon, auteur des Mémoires d’une femme de cinquante ans, un journal passionnant dans lequel elle raconte toute sa vie. En 1835, le fils de Séraphin est compromis dans l’affaire de la Duchesse de Berry ce qui le décida à vendre tous ses biens de France et à se réfugier en Suisse.

En 1835, le Bouilh passe dans les mains de Florentin Hubert-Delisle, créole réunionnais, dont le fils est Henri Hubert-Delisle (1811-1881). On célèbre cette année le bicentenaire de sa naissance. Des manifestations vont être organisées lors des Journées du Patrimoine. Pour célébrer les relations de leur ancêtre avec l’empereur Napoléon III et la famille impériale, les propriétaires ont aménagé une pièce en « salle Bonaparte« .

Des souvenirs de famille permettent de voyager à travers l’histoire d’Henri Hubert-Delisle qui, parti de La Réunion, s’est installé au Bouilh puis a étudié à Paris avant de devenir député et maire de Saint-André-de-Cubzac. Ne résistant pas à la tentation de revoir son île natale, il y est nommé gouverneur de 1852 à 1858. Atteint par la maladie, il termina sa vie au Bouilh après avoir exercé les fonctions de sénateur et de président du Conseil général de la Gironde. Son épouse, Amélina Hubert-Delisle était célèbre à la Cour où elle était dame d’honneur de l’impératrice Eugénie. En 1864 en la chapelle du château, Noëline Hubert-Delisle épousa Édouard de Feuilhade de Chauvin. Le château du Bouilh appartient aujourd’hui à ses descendants.

Pendant une heure de visite, l’historien Christophe Meynard, auteur d’un livre sur Saint André de Cubzac et le château du Bouilh, fait découvrir aux visiteurs le bel escalier d’honneur puis une enfilade d’une quinzaine de pièces meublées aux murs chargés de tableaux. De la bibliothèque aux milliers de livres à la cuisine aux cuivres d’époque, le Bouilh recèle de nombreuses petites histoires qui font la grande histoire. On peut aussi admirer la charmante chapelle du début du XIXe siècle où sont enterrés les propriétaires et le pigeonnier du XVIe siècle aux 1200 logettes pour pigeons.

Plusieurs films ont été tournés au Bouilh : « Cousin Bette » en 1996 avec Jessica Lange, Géraldine Chaplin et Hugh Laurie (Dr House), « Monsieur Léon » en 2006 avec Michel Serrault et Clémentine Célarié et récemment « La Maison des Rocheville » en 2010 avec Alexandre Brasseur et Virginie Desarnauts.

Cette année, deux pièces ouvertes à la visite ont été restaurées ce qui permet de rafraîchir les lieux. D’autres travaux suivront sur la façade du château. Autres nouveautés : des visites guidées en anglais et la préparation d’un colloque pour le mois de septembre 2011. Le château est ouvert du 1er juillet au 1er octobre. Visites guidées le jeudi, samedi et dimanche de 14 h 30 à 18 h 30. Accueil de groupes toute l’année sur rendez-vous. Pour tout renseignement concernant les visites, tél. 05 57 43 06 59 et site Internet : http://chateaudubouilh.jimdo.com . (merci à Christophe – Copyright photos : DR)