Sous le plume de Palatine, voici le voyage de Noblesse et Royautés avec Porky Porky en Vénétie. Bonne lecture. « Au fil des mois, Porky Porky, le roi du cochon dans tous ses états, milliardaire danois versé dans la philanthropie, chercha un moyen de revoir Agnès, la belle photographe de Noblesse et Royautés qui résidait toujours en Russie.

La mélancolie s’était installée dans sa vie et il commençait à se languir de sa dulcinée.  Ses restaurants de hamburgers de jambon, les Mac Porky, se développaient un peu partout en Europe et même en Russie et cela ne l’intéressait plus que modérément. La Reine Margrethe qui le recevait souvent, était un peu dépitée qu’il ne l’eût pas sollicitée pour dessiner les costumes du vaudeville de la pièce jouée en janvier 2017 à la Villa Pisani en Vénétie  (voir article dans N&R du 9 janvier 2017). De son côté, le prince Henrik boudait parce qu’on avait refusé de lire ses poèmes au début de la représentation.

La reine de Danemark était aussi agacée de l’entendre parler d’Agnès à chaque visite. Le milliardaire danois était tout aussi agacé de se voir servir toutes les déclinaisons de la pâtisserie à base de pommes au Palais royal pour accompagner le Five o’clock.  Il préférait prendre son goûter chez lui.  Les gentilles dames de N&R avaient envoyé de succulentes recettes à sa cuisinière et on pouvait dire que Lucullus mangeait chez Lucullus.  Rappelons que ses amis l’appelaient Porky Porky parce que le nom de sa société  était Hog & Hog  Inc . Et qu’il adorait les cochons. Mais dans le civil il s’appelait Nils Andersen. Il avait fait fortune aux Etats-Unis mais était revenu vivre au Danemark.

Il continuait à rester en contact avec le site de Régine, grâce à quelques intervenants qui lui enseignaient, soit le savoir-vivre (Michèle), soit le français (Aramis), soit l’histoire et la généalogie (Cosmo et Jean Sauzeau).

Corsica venait une fois par mois, par jet privé, lui prendre sa tension et l’ausculter.  Et puis il y avait eu quelques changements dans sa vie.  Il avait à présent un « social secretary » pour gérer son agenda mondain qui s’étoffait, à cause de toutes ses œuvres de bienfaisance.   Son secrétaire particulier était Saint-John,  diplômé d’Histoire et troisième fils d’un duc anglais dont je ne veux  pas citer le nom, qui s’était occupé de la location du château hanté appelé Witch Hall  (voir voyage de N&R le 12 janvier 2016).

En fait, le château avait été racheté par un richissime Qatari pour loger toutes ses épouses et concubines et avoir la paix quand il allait s’encanailler à Londres dans les bars  et boites de nuit interlopes.  Saint-John avait quitté son agence immobilière haut de gamme et créé une start-up qui s’occupait de procurer des acteurs de théâtre jouant les fantômes aux locataires ou propriétaires de châteaux pour faire peur aux occupants.  Jouer à se faire peur était devenu l’amusement principal de la « ruling class »  pourvue de demeures historiques.

Accessoirement, on pouvait ainsi  se débarrasser d’une belle-mère encombrante ou d’invités qui s’incrustaient. Grâce au carnet d’adresses de Porky Porky, il ne manquait pas de clients.  Tous les deux mois, Gérard venait voir le milliardaire danois pour des causeries édifiantes sur l’amour du prochain, le sens de la vie et parler de ses ancêtres, de valeureux Vikings qui n’avaient pas eu la chance, eux,  de rencontrer la Grâce.

Porky Porky louait à l’année une suite à l’Hôtel Amigo où il venait de temps en temps pour faire le point avec Saint-John. Bruxelles était un endroit de rencontre commode, entre l’Angleterre et le Danemark ,et proche de la France. Mais à la fin de l’été, Saint-John convoqua à l’Amigo  Léonor et Jane Austen, les organisatrices des festivités annuelles,  pour discuter d’un prochain voyage de Noblesse et Royautés.  En amont il avait parlé au téléphone avec d’autres intervenants et voulait aborder  quelques points importants.

Il raconta les faits suivants. En avril,  tenaillé par la mélancolie, Porky Porky,  conduit par son chauffeur, avait souhaité faire un pèlerinage en Vénétie pour se remémorer les moments intenses qu’il avait vécus avec Agnès.  Tenaillé par la curiosité, Saint-John avait demandé à l’accompagner.

Cependant, à la sortie de Padoue, le chauffeur se trompa de chemin et au lieu de suivre le Canal de la Brenta,  il bifurqua  vers l’endroit qu’on appelle les Monts Euganéens, riches de sources thermales et de paysages idylliques.  Ils arrivèrent ainsi devant une sorte de château  immense avec tours crénelées et donjon, du plus bel aspect et majestueux au possible.  Les deux hommes se renseignèrent pour savoir où ils étaient.

Ils se trouvaient devant un château comtal du XIVe Siècle, qui au  début du XVIIIe avait été transformé en abbaye,  devenue un siècle plus tard une sorte d’Abbaye de Thélème où le prieur vivait dans le plus grand luxe. Et autres débordements.  D’ailleurs,  le Vatican s’en était inquiété,  avait fait partir les moines vers la fin du XIXe siècle et vendu la propriété à une riche famille vénitienne.  Celle-ci voulut rénover le château et pour ce faire dépensa une fortune.  Le nouveau propriétaire s’était mis dans la tête de faire remeubler les lieux dans le style Edouardien,  le seul qui ait compris quelque chose au confort, prétendait-il.

C’était assez incongru, pas vraiment adapté  à l’architecture du bâtiment, mais oui, on pouvait trouver cela confortable et les chambres étaient magnifiques.  Au bout de quelques générations, complètement ruinée, la famille vénitienne vendit l’abbaye à un groupe hôtelier anglais dont le fondateur était  d’origine italienne.  Un immigré qui avait fait fortune au Royaume-Uni. Tout le monde aura compris de qui il s’agit. On appela l’hôtel  « Badia del Romito »  (Abbaye de l’Ermite) parce qu’un ermite était mort en odeur de sainteté  là-bas au XIIe Siècle, avant la construction du château. C’était facile à prononcer dans toutes les langues.  Le personnel était polyglotte et la clientèle,  internationale, était en grande partie germanophone.

On avait donc affaire à un hôtel 5 étoiles dont la particularité était de disposer de deux piscines thermales. Les Monts Euganéens regorgeaient de sources d’eau chaude d’origine volcanique et Abano, la fameuse station thermale proche de Padoue n’était pas loin de la Badia del Romito.  Le milliardaire danois décréta que le prochain rendez-vous avec Agnès se passerait à cet endroit, où il y avait assez de chambres pour héberger les amis de Noblesse et Royautés.  Et après les festivités, il soignerait ses rhumatismes. Et sans doute aussi ses peines de cœur, pensa son collaborateur, qui estimait que l’amour courtois, à sens unique, devait être usant.

Donc, comme l’expliquait Saint-John à Léonor et Jane Austen, on n’avait plus le choix de l’endroit. En revanche, on avait le choix des divertissements.  Actarus ne voulait plus écrire de pièces de théâtre parce que Jean-Pierre avait critiqué son vaudeville l’année précédente  et dit « n’est pas Feydeau qui veut ». D’ailleurs il n’honorerait pas le prochain rendez-vous de sa présence.  Si Jean-Pierre était si malin, il n’avait qu’à écrire lui-même une œuvre impérissable, conclut-il avec mépris.

Jean-Pierre avait relevé le défi mais les deux dames qui connaissaient bien le mécène danois dirent qu’il faudrait respecter un cahier des charges.  En clair,  une fin édifiante, et morale, le Danois étant très branché religion et mœurs irréprochables.  Et Jean-Pierre avait accepté.

Il proposa une pièce qui se passerait à la fin du XIXe Siècle, et qui évoquerait l’atmosphère de  « l’Aigle à deux têtes » de Cocteau.  Le début ferait penser à « Ruy Blas », le milieu à « La Veuve Joyeuse » et la fin à  « La Princesse de Clèves ».   Il désirait avoir Aramis comme metteur en scène et celui-ci avait donné son accord.  Evidemment, le casting donna lieu à d’âpres tractations mais Philippe Gain d’Enquin avait les reins solides et en avait vu d’autres.  Jane Austen s’occuperait comme toujours des chambres et Léonor de l’organisation des loisirs en ayant l’œil sur les repas.  On ne change pas une équipe qui gagne.  On ferait de nouveau appel à L’Orient Express pour transporter tout ce monde et le train ferait un détour par Bruxelles pour prendre les Belges.  Les autres recevraient des billets d’avion pour l’aéroport de Venise.

A propos des Belges, Porky Porky ne manifesta plus de réticences. On lui avait répété qu’une fête ne peut être réussie sans les Belges, et s’ils sont turbulents et incontrôlables, ce sont tous des poètes.  Il avait fini par l’admettre.

Pour en revenir à la Badia del Romito, qui avait plusieurs corps de logis et était immense, signalons que la famille vénitienne avait réuni dans une  des dépendances la plus belle collection de tenues de scène et de carnaval de toute la Région Vénète.  D’ailleurs, la direction prêtait aux clients des déguisements quand ceux-ci voulaient aller à Venise, toute proche, pour le Carnaval.  Donc on trouverait sur place les costumes pour la pièce à jouer et cela ferait gagner du temps.

Il y eu des désistements. Pierre-Yves ne pouvait  venir,  prétextant des rendez-vous d’affaires importants.  Mais en réalité, un mécène chinois lui avait offert un abonnement à l’opéra et il ne voulait manquer aucune représentation. Il délégua son rôle de pacificateur et d’arrondisseur des angles à AnneLise.

Saint-John et Jean-Pierre se disputèrent souvent car l’Anglais trouvait que le Français était trop lent. Un jour, il fit comme Cocteau avec Raymond Radiguet, il l’enferma dans sa chambre de la suite de l’Amigo pour qu’il finisse son ouvrage. On ne le mit pas au régime eau  et pain sec,  mais le « social secretary » lui fit livrer de la cuisine indienne épicée à tous les repas.  En moins d’une semaine, Jean-Pierre avec l’estomac à genoux qui demandait pardon livra sa production et Saint-John fut satisfait.

L’auteur eut bien des difficultés pour trouver un titre à sa pièce.  Il se tritura les méninges avant d’opter pour « La Belle Captive ».  Faute de mieux.  Et puis ça faisait un peu penser à André Chénier.

Jean-Pierre demanda qu’Aramis fasse aussi le Récitant, pour raconter des scènes qui  ne pouvaient être représentées. PGE se chargerait d’expédier aux acteurs un tapuscrit de la pièce, avec leur rôle souligné en jaune.

L’histoire se passe dans une principauté imaginaire entre l’Autriche et l’Allemagne. La Rhuritanie était dirigée par un prince Manfred, sorte de version tudesque de Henry VIII mais sans la grande culture du roi anglais.  Il était grossier, irascible  et despotique. Jaloux comme un tigre, mais sans être amoureux de sa femme.  Ne lisait jamais et ne s’intéressait qu’à la chasse et à la nourriture.   Il était marié à la ravissante Walpurga qui en fait avait été baptisée Daisy par sa mère, une gouvernante anglaisée épousée par un hobereau bavarois.  Mais Manfred qui détestait tout ce qui n’était pas allemand imposa le second prénom de son épouse qui faisait plus germanique, c’est-à-dire plus sérieux.

La pauvre Walpurga devait couvrir ses cheveux parce qu’ils étaient trop beaux et pourraient attiser la convoitise des hommes. Elle devait aussi cacher ses formes  et paraissaient donc à la Cour avec une sorte de chasuble à manche longues. On aurait dit une religieuse laïque. Si Manfred avait pu mettre un moucharabieh sur le visage, joli comme un cœur, de sa femme, il l’aurait fait.

La belle captive avait deux dames d’honneur. Une assez sympathique, jouée par Arielle et l’autre,  plus âgée, intransigeante sur le protocole et l’étiquette.  Clémentine 1 était parfaite pour ce rôle.

Walpurga était consignée dans ses appartements la plupart du temps et pour noyer son ennui, lisait des romans gothiques qu’elle avait trouvés dans une malle appartenant à sa mère. Et d’autres ouvrages plus subversifs parlant de façon explicite des plaisirs de Paris que lui procurait Arielle en secret.  Finalement, avec ces livres, Manfred ne voyait pas que le loup était dans la bergerie. L’imagination échauffée de sa femme montait en puissance, et ne demandait qu’à  exploser.  Dans la plupart des banquets officiels, le Prince buvait comme un soudard, mangeait comme un goinfre. C’est pendant ce genre d’agapes qu’il  finit  par s’étouffer avec un os de poulet.  Et Walpurga devint veuve. Joyeuse.

A ce stade, il fallait « caster » le couple princier.  PGE décréta que  Zorro qui aimait se déguiser serait le prince Manfred.  On lui fit faire un faux ventre et on dénicha une fausse barbe rousse.  La princesse Walpurga  serait Baboula, parce que PGE disait qu’elle avait  « de la ressource ».  Les deux intervenants acceptèrent.  Ils aimaient les rôles de composition.

Comme toutes les femmes belles et  cloitrées,  Walpurga avait des admirateurs qui la contemplaient de loin avec des yeux de merlan frit quand elle prenait l’air sur son balcon.  Elle avait son Ruy Blas evidemment, le comte von Hohenstein ,  Résident d’Autriche en Rhuritanie.   Un adorateur silencieux de belle prestance qui plaisait à toutes les dames de la Cour.  Antoine obtint le rôle. Au début de la pièce, il devait se promener avec un brin de myosotis à la boutonnière.  Laissant entendre qu’il avait obtenu les premières faveurs de sa Dame.

Les autres soupirants silencieux étaient le duc von Donnerwetter, Grand Chambellan du prince,  un Prussien belliqueux avec des moustaches en guidon de vélo et un monocle,  ensuite  le Résident de  Russie,le  prince Proutinov qui écrivait des poèmes hermétiques et sibyllins à la Princesse. Il ressemblait à Erich von Stroheim et faisait un peu peur aux dames, mais quelle distinction ! Il y avait encore le Résident français, le marquis de Carabasson, un beau parleur qui louchait sur le magot  de la Princesse après son veuvage mais n’avait manifesté aucun intérêt pour elle avant la mort de Manfred.

Charles accepta de très mauvaise grâce  de faire le Prussien, même si c’était un duc apparenté aux Wurtemberg.   Roch fut le prince Proutinov,  et Olivier d’Abington le marquis français qui voulait réparer le toit de son château angevin, expert en marivaudage et badinage, et maniant au besoin le madrigal et l’églogue.   Mais il n’était pas sentimental.

Un lord anglais de passage vint s’ajouter à la liste des prétendants de la jeune veuve.   Il était très séduisant et aimait l’ « understatement » . On ne comprit pas tout de suite ses intentions.  Saint-John aurait aimé prendre ce rôle, mais PGE intraitable décréta qu’il serait donné à Stéphane G parce qu’il avait de l’humour.  Le nonce apostolique serait Philippe  et le rôle du chapelain du Palais également  directeur de conscience de la Princesse revenait de droit à Gérard.  Ils se disputeraient souvent dans la pièce sur des problèmes de dogme.  Le chapelain était le seul homme autorisé à approcher la princesse. Manfred était comme Napoléon avec sa seconde épouse : elle ne devait être servie que par des femmes.  Fréderic Gense hérita du rôle de garde-chasse et il se croyait obligé de promener un petit sourire salace quand il circulait parmi les dames.   Dradomir disait qu’il avait trop lu. Gone faisait de la figuration  comme général de cavalerie avec un uniforme rutilant de brandebourgs dorés.

Walpurga débarrassée de son mari et héritant une belle fortune de celui-ci (qui n’avait pas eu le temps de faire un testament pour la déshériter),  décida de filer à Paris et de vivre sa vie.  Je raconterai la suite de la pièce plus tard.  J’en reviens aux préparatifs.

L’allocation des chambres ne causa pas trop de problèmes.  Les repas seraient assurés par le restaurant gastronomique de l’hôtel, avec un Italien, le Signor Panettone, comme directeur du restaurant.   Le directeur de l’établissement  était français et s’appelait Gontran de Bois-Guylbert, avec un « y ».   Il était snob et obséquieux au possible.  Ses salamalecs commençaient avec les baronnes, pour monter d’un cran avec les comtesses et cela culminait en apothéose avec les duchesses. Il aimait aussi les milliardaires. Donc Saint-John et Porky Porky furent bien accueillis et tous leurs désirs furent exaucés.  Toutefois, le sémillant Saint-John demanda à Stéphane G qui avait beaucoup d’entregent  de l’épauler dans l’organisation des festivités.  Sur ces entrefaites,  le sieur de Bois-Guylbert déclara qu’il posterait désormais sur Noblesse et Royautés et se réjouissait de présenter ses hommages à Madame Salens.

Muscate se proposa pour la décoration florale des tables et Caroline pour leur présentation.  DEB et Carole 007 se chargèrent de calligraphier les menus.  Agnès suivit tous ces préparatifs de loin.  Comme une reine, elle arriverait quand tout serait réglé et comme d’habitude on lui réserva la plus belle suite.

Saint -John trouva dans un magazine anglais haut de gamme un article sur l’hôtel Badia del Romito et une interview du directeur, qui racontait  être né dans un château  perdu dans les brumes de Bretagne. Près d’une lande habitée autrefois par les fées.  Son enfance rêveuse et solitaire, il l’avait passée à lire, surtout de la poésie. Il avait toujours  un recueil  de vers sur sa table de nuit.

Le collaborateur de Porky Porky pensa  que tout cela avait l’air un peu  « fake » mais qu’il tirerait plus tard l’affaire au clair.

L’Orient Express déversa à Padoue une cargaison de Belges assoiffés, surexcités et affamés.  Quelqu’un avait oublié les casiers de Mort Subite, et ils étaient en manque.  DEB et Gibbs avaient essayé de leur prêcher la tempérance et la patience, mais en vain.  Dans les wagons français, bon nombre d’intervenants de Noblesse et Royautés se chamaillaient sous des prétextes futiles.  Certains légitimistes avaient fait faux bond parce qu’ils estimaient qu’il y avait trop d’orléanistes dans le voyage.   Dans la mesure du possible on avait essayé de séparer les adorateurs de Diana des supporters de Camilla. Mais on n’avait pu éviter quelques querelles, notamment à propos d’une Arlésienne appelée Charlène.  Deux ou trois duègnes du site de Régine avaient refusé de venir parce que tout cela était ridicule et manquait de dignité.   Je ne citerai aucun  nom, mais elles se reconnaîtront.

Régine, Agnès et Porky Porky arrivèrent en jet privé, qui atterrit à Venise.  Le chauffeur du mécène danois vint les chercher pour les conduire pas tellement loin de là,  au cœur des Monts Euganéens.  Les Canadiens de N&R étaient déjà arrivés.  Dans la pièce ils devaient jouer les courtisans et les personnages de la cour de Rhuritanie.

Dans un des salons de l’hôtel, où on se serait cru dans un club anglais orné de confortables canapés de cuir,  on servit le thé aux arrivants qui purent lire le pitch du spectacle du lendemain.  Pendant ce temps le directeur faisait moult courbettes à Porky Porky . Caroline, toujours directe,  demanda s’il y avait une Madame de Bois-Guylbert, avec un « y »,  mais Stéphane G lui dit que le manager était marié à la Poésie.  Robespierre, de très mauvaise humeur, ajouta  que le Mari de la Poésie entretenait une liaison adultère avec l’Affabulation.   Il  en voulait à ce dernier de s’être moqué de Walter Scott en usurpant le nom d’un de ses personnages dans Ivanhoé.  Mais il le lui ferait payer.  On ne remarqua pas qu’il demanda un renseignement à un des concierges à propos des  costumes de scène.

Le directeur s’excusa humblement de n’avoir pu éjecter un client. Oui, mais quel client aussi ! Le célèbre chef d’orchestre autrichien Traugott von Dammerung. D’ailleurs celui-ci vint se présenter à Porky Porky et s’inclina devant Regine et Agnès en claquant les talons.  Il était grand, avec une belle chevelure ondulée qui faisait penser à la toison artificielle de Louis de Funès dans Grande Vadrouille. Sauf que c’étaient ses vrais cheveux. Le directeur  dit aux nouveaux arrivants et à Herr von Dammerung  que son grand-père Enguerrand de Bois-Guylbert, grand mélomane devant l’Eternel, allait chaque année à Bayreuth.

Quand le maestro eut regagné sa suite,  le concierge en chef raconta qu’il ne se déplaçait jamais sans un portrait de Guillaume II, le Kaiser, idole de son arrière-grand-père,  haut fonctionnaire du Palais.  Et qu’il prétendait qu’un orchestre devait être mené comme un « Reich »,  chacun à sa place, de l’Ordre, de l’Ordre et  encore de l’Ordre.  Et puis l’Obéissannnnnnce !

Le diner était organisé par tablées de 8 personnes et Frederic Gense passait entre les tables pour donner des renseignements sur la région où ils se trouvaient. Méfiante, Louise K  alla tout de même jeter un coup d’œil dans les cuisines. Ambre et Haut-Landaise  distribuaient des  programmes d’excursions au choix pour le surlendemain.  On pouvait aller à Arquà Petrarca, endroit où le poète Pétrarque avait vécu et était mort. Ou à Padoue qui en valait la peine avec  la plus grande place d’Italie et une des plus belles, le Prato della Valle.  Ou encore à Vicence où se trouvaient des bâtiments imaginés par Palladio.

Toutes les dames voulaient être à la table d’Antoine, portant beau et très élégant. Corsica était aussi très demandée.  Mais moins que Baboula que tout le monde voulait approcher et qu’on traitait comme une prima donna.  Charles voulut et obtint de manger avec les Orléanistes. Aramis avait placé dans sa chambre une photo du duc d’Anjou espagnol, mais Marie du Béarn la remplaça par celle du petit Joseph dans les bras de sa mère.  Elle mit la photo de l’Aga Khan dans la chambre que Muscate partageait avec Mary.  Mais plaça étourdiment une photo du duc de Parme dans la chambre de Néoclassique, sans penser qu’Ami des Bataves serait dans le lit jumeau voisin. Et la nuit suivante, on entendit les éclats de voix d’une grosse altercation,  et on suppose que les plumes de polochons valsèrent.

Poutine, content de voir un Russe dans la pièce (car il savait tout), avait offert un tonnelet de caviar comme l’année précédente.  Macron avait envoyé un beau discours de bienvenue, mais on l’avait trouvé trop long et  truffé de termes ampoulés.  Et on renonça à le lire.  Roch fit remarquer  que s’il avait été comme les jupes de Madame, on l’aurait sans doute lu.

On savait de source sûre que Trump avait lu les échanges de mails des organisateurs et qu’il désirait se venger de l’affront infligé l’année précédente à sa fille Ivanka.  Il avait fait semblant de croire aux soupçons  de ses services secrets qui voulaient voir des messages codés dans le programme des festivités.  Dradomir qui entrait et sortait à tout bout de champ, demanda à Hildebrand, le chef de la sécurité, de tenir à l’œil  les abords de la propriété.  Le cerbère de l’hôtel, un colosse allemand trilingue, avec un  accent à couper au couteau dans les trois langues même la sienne, le rassura : « Che fais aller foir et  surfeiller tout ça ».

Saint-John proposait de profiter des piscines  thermales  dans la matinée du lendemain  parce qu’après le déjeuner il y aurait  la représentation théâtrale.  Cela occuperait tout  l’après-midi et après le diner, on danserait dans la grande salle de bal.  On plaignit Agnès parce qu’on savait que Porky Porky lui avait fait parvenir un carnet de bal  « old fashioned » avec son nom en première ligne.

Le diner fut très raffiné et aurait pu plaire à la Cour de Suède. Sauf peut-être une des entrées, des pieds de cochon au Marsala, cadeau du Chef au philanthrope danois, qui en eut les larmes aux yeux.  Les acteurs allèrent réviser leur rôle dans leur chambre.  Robespierre resta traîner dans les salons.   Le concierge de nuit avec qui il avait sympathisé lui raconta  que le château avait des passages secrets qui s’ouvraient dans les chambres  derrière certains  porte-manteaux Art Nouveau  en cuivre et palissandre.  Il n’y en avait pas partout  mais il y en avait un dans celle du directeur, il en était certain.

Ensuite, Robespierre était allé se déguiser en Robin des Bois avec un poignard à la ceinture. Il voulait  jouer les fantômes dans la chambre de Bois-Guylbert.  Un fantôme poétique évidemment.  Au cœur de la nuit, il pénétra dans une chambre et dans la pénombre  aperçut une forme allongée à qui il susurra :

« … et mon luth constellé porte le soleil noir de la Mélancolie ».

La forme sursauta, fit un  grand bond  qui lui fit  casser un portrait sous verre du Kaiser.  Robespierre s’était trompé de chambre et avait réveillé le maestro, qu’il découvrait en papillottes et pyjama de soie.  Un maestro rugissant de fureur et qui criait à l’assassin.   Robin des Bois  disparut prestement et comprit qu’il s’était fourvoyé.  Le directeur était  à côté,  Robin-Robespierre  le vérifia sur un plan griffonné par son nouvel ami.  Cette fois, il décida d’abandonner  la poésie nervalienne pour celle de Max Jacob.   Il trouva donc le mari de la Poésie profondément endormi.  Avec sur sa table de nuit  un magazine « people »  plein de commérages et un autre sur les  voitures de luxe italiennes.

«   A Paris sur un cheval gris, à Nevers sur un cheval vert, à Issoire sur un cheval noir.  Tiou ! Tiou ! »

Le snob ne se réveillant toujours pas, Robespierre  insista : « Mes sabots, mes sabots, ousque j’ai laissé mes sabots . En bas de l’escalier, l’escalier des sardines. »

Bois-Guylbert s’était réveillé avec les sardines, ahuri et effrayé mais il ne cria pas. Il semblait tétanisé. Robespierre s’éclipsa  et emprunta un couloir secret qui débouchait sur un grand vestibule..

Il rejoignit le salon anglais où il vit Stéphane G et Michèle penchés sur leur ordinateur et très intéressés par ce qu’ils lisaient.   Ceux-ci  racontèrent qu’ils avaient découvert que Gontran de Bois-Guylbert s’appelait en réalité Marcel Gilbert,  et était diplômé de l’Ecole d’Hôtellerie de Lausanne. Sa famille s’était enrichie dans les années quarante dans le négoce de la vieille ferraille.  Et peut-être autrement aussi.  Avec quelques ennuis à la Libération.  L’aïeul qui avait réussi  n’aurait pu situer Bayreuth sur une carte.  Gérard qui trainait dans les parages protesta que cette Ecole était prestigieuse et que le cousin du directeur avait épousé la belle-sœur d’une nièce d’un  baron provençal de haut lignage.

Le lendemain matin au petit déjeuner, AnneLise et Cosmo  essayaient  de calmer le maestro.  Il criait qu’il était victime d’une cabale. Sa dernière représentation du Trouvère à la Scala  avait suscité jalousie et mesquineries. Un misérable s’était introduit dans sa chambre habillé comme un troubadour et il parlait d’un luth. Oui, un luth !  L’allusion était claire et le poignard à la ceinture était une idée à lui, à Milan,  pour donner une dimension plus hardie au personnage.   Le directeur lui dit qu’il s’agissait peut-être d’un mauvais rêve mais Traugott von Dammerung n’en démordit pas et demanda sa note.  Et il voulait qu’on lui rembourse les frais d’encadrement de la photo de son idole.  Il ne reviendrait pas de sitôt dans cet antre de jaloux.

Les invités de Porky Porky s’égaillèrent après le petit déjeuner pour aller nager dans l’eau chaude des  piscines  thermales.  Cosmo expliqua aux invités que les Romains venaient déjà  prendre des bains dans cette région, à Abano exactement. Il alla vite enfiler le peignoir de bain rose offert à tous les invités par Porky Porky, avec un petit cochon brodé sur la poche de poitrine.  L’idée du cadeau  venait de Frédéric Gense.

Le déjeuner se passa sans encombre, avec une cuisine vénitienne délicieuse, présentée en buffet. Léonor avait défendu au Chef de servir de l’âne, une spécialité vénète. L’atmosphère était déjà assez électrique.  Mais les Belges exigèrent et reçurent des frites.

Enfin, une heure plus tard on frappa les trois coups. Nous connaissons la première partie de la pièce.  Dans la seconde, Walpurga de Rhuritanie arrive à Paris et s’installe à l’Hôtel des Trois Couronnes conseillé par le marquis français.  Les cinq prétendants à sa main descendent au même hôtel.  Ils veulent se surveiller les uns les autres, mais le lord anglais demande qu’on reste fair play.   La princesse ne veut pas se décider avant d’avoir vu Paris et exploré les plaisirs de la Ville Lumière.  Elle s’était mariée à 18 ans et son mariage qui avait duré cinq ans avait été une prison.  Elle désirait  donc s’amuser, se dissiper et  jeter sa gourme.  Elle avait lu cette expression dans ses romans français,  ne la comprenait pas bien  mais pensait que c’était quelque chose d’osé et de transgressif.

La jeune veuve trouvait ses prétendants plaisants, surtout le Français parce qu’il avait une voix chaude et convaincante, mais d’un autre côté le comte de Hohenstein était follement romantique avec ses soupirs et ses regards éloquents (Antoine s’était surpassé) .  Le Russe perdit très vite la partie parce que la Princesse n’aimait pas son côté cérémonieux et compassé. Quant au  Herzog von Donnerwetter,  il la lassait parce qu’il n’avait qu’un seul sujet de conversation : ses cousins Wurtemberg.  Qui avaient de nombreux enfants dont il égrénait inlassablement les prénoms.  Charles et  Roch allèrent donc se rhabiller.  Trois prétendants  restaient  en lice et elle allait réfléchir.   Puis il ne resta que deux adorateurs ; le lord anglais dut s’absenter parce qu’un télégramme  comminatoire du secrétaire du Prince de Galles le conviait  à une chasse royale.  Confirmant le dicton  « qui va à la chasse, perd sa place ».

Dès son arrivée dans la capitale française, la princesse commande une demi-douzaine de robes à Worth, le grand couturier dont parlaient les dames de sa cour. Avant de partir à la découverte de Paris, elle fait des folies chez les bijoutiers, gantiers, bottiers et modistes.

Ensuite, ayant semé sa femme de chambre, elle s’aventure dans la ville et  lors d’une promenade, la princesse  trébuche, se casse un talon, tombe sur la chaussée et  se fait mal.  Elle se trouve rue Chabanais et voyant une dame bien vêtue,  qui entre au N°12,  demande de l’aide.  La dame l’emmène à l’intérieur de ce qui ressemble à une institution  de jeunes filles.  Un établissement qui semblait bien tenu, et très « cosy ». Ces détails sont évidemment racontés par le Récitant.

La directrice,  jouée par MarieLouise très digne dans une robe de soie grise boutonnée jusqu’au cou, soigne le genou  de la visiteuse  tandis que deux gentilles et jolies pensionnaires  vêtues de couleurs vives  (Milena K et Sarita)  lui proposent  du thé et des gâteaux.  Elles vont dans un salon cossu où des messieurs pas tout jeunes mais l’air bienveillant discutent avec les jeunes filles.  Walpurga pense à des pères et des oncles en visite. Et très affectueux.  Elle échange avec eux quelques aménités et tout le monde est intéressé et charmé par son joli accent allemand et sa fraîcheur.  Elle explique que c’est son premier voyage à Paris.  Un monsieur à l’air  important lui conseille  de visiter Notre Dame.

Walpurga,  ravie d’avoir rencontré des gens aussi distingués,  retourne à son hôtel avec le paquet de sablés maison que lui a offerts, avec un clin d’œil,  une soubrette primesautière, Trianon.

Vassili, Patricio, G de G et Sebastien jouaient les messieurs bienveillants et avaient dû se grimer à mort pour ressembler à des membres, pas de première jeunesse,  du Jockey- Club.  Mais on trouvait de tout dans la réserve de l’hôtel.

La suite, un peu expédiée, ne plut pas à tout le monde.

Le lendemain de la visite du « pensionnat » rue Chabanais, Walpurga, continuant sa découverte de Paris  va à Notre Dame et comme Claudel, près d’un pilier, a… La Révélation !  Dans un rayon de soleil  dardé par un vitrail .  Elle a rencontré la Grâce et retourne à son hôtel dans un état second.   Elle fait boucler  ses valises par sa femme de chambre et retourne dans sa principauté où son beau-frère exerce la régence.   Le comte de  Hohenstein et le marquis de Carabasson  la suivent,  pleins d’espoir.

Après une semaine de méditation, agenouillée la plupart du temps sur son prie-Dieu, Walpurga princesse régnante de Rhuritanie déclare  qu’elle donnera une grande partie de sa fortune aux nécessiteux et laissera le trône princier à son beau-frère.  Le marquis de Carabasson  part précipitamment régler une affaire urgente en France.  Le comte autrichien qui se fiche de l’argent demande la main de la princesse.  Celle-ci dit qu’elle  doit d’abord penser aux pauvres  et s’investir dans toutes sortes de bonnes oeuvres.   Elle lui demande d’être patient.  Peut-être dans cinq ans changera-t-elle d’avis.  Peut-être…

Rideau.

Le seul à applaudir fut Porky Porky, ce qui obligea le reste de l’assistance à l’imiter.  Léonor était furieuse, encore plus que lors du vaudeville d’Actarus. Jean-Pierre expliqua que sa muse avait subi des contraintes pour épouser les goûts  du mécène de Noblesse et Royauté, ce n’était pas sa faute si ces goûts  étaient ceux  de Monsieur Prudhomme en bonnet de nuit. Il avait tout de même  épargné aux spectateurs le Père Noble et la Courtisane Repentie. Mais Frédéric Gense fit valoir que si le mécène de Noblesse et Royautés qui emmenait tous ses amis faire de merveilleux voyages, dans des endroits de rêve, avec du champagne et du caviar à gogo,  était content, tout le monde devait s’estimer satisfait.

On alla donc diner et il y eut cette fois encore des pieds de cochon, au Lambrusco pour changer, et l’adorateur d’Agnès fut aux anges.  Porky Porky assis entre Agnès et Régine, comme les autres fois piqua du nez à la fin du repas et ne put aller danser.  Je ne sais qui, cette fois, se dévoua pour mettre des somnifères dans son vin.  Un ami d’Agnès assurément.  Le milliardaire n’avait parlé que de cochons pendant tout le repas, notamment  de sa ferme expérimentale de cochons rose bonbon qu’il avait installée dans le Nord du Danemark.  Régine avait failli s’endormir.  Gérard qui voyait toujours le bon côté des choses s’extasiait sur la belle tenue à table de  Porky Porky .  Il avait trouvé la pièce de théâtre originale et « éclairante ».

L’agent de sécurité de l’hôtel porta  notre mécène danois dans sa chambre où il dormit jusqu’au lendemain matin. Entretemps, Hildebrand avait réglé leur compte à deux Américains très louches qui prenaient des photos aux abords du château  et à l’un d’eux il avait fait  « un nez comme une auperchine ».  C’était la transition idéale pour que Robespierre raconte à ses amis que le Signor Panettone s’appelait en réalité  Schmitt . « C’est l’hôtel des Imposteurs ici » grinça-t-il.  Gérard  expliqua que le directeur du restaurant était  né dans  le Tyrol  italien, et avait pris un «  nom de guerre » pour  son travail.  Comme Edouard VII qui s’appelait en réalité Albert, prénom trop germanique pour les Anglais.  Ami des Bataves  trouvait le patronyme de « Panettone » rond et rassurant.  Il connaissait un agent secret américain qui avait pris le pseudo de Rigatoni pour infiltrer la mafia new-yorkaise à la fin des années 70.

A vrai dire, le départ de Porky Porky ne fut pas une bonne chose. Les esprits étaient échauffés par la bonne chère et le champagne.  Coulant un regard tendre à Robespierre, Charles déclama un vers d’une des  « Nuits » de Musset : « Poète prends ton luth et me donnes un baiser ».

Gerard s’empressa d’expliquer que la grand-mère de Charles lui faisait copier des poèmes comme punition quand il rapportait de mauvaises notes en français. Complices, et se tenant par la taille,  Gibbs et Margaux chantèrent très joliment le duo des sœurs jumelles nées sous le signes des Gémeaux des » Demoiselles de Rochefort ».

Sigismond chanta avec beaucoup de sensibilité « L’Hirondelle du Faubourg » et arracha des larmes aux dames.   Naucratis qui aimait bien les chansons  1900 renchérit, d’une voix caverneuse,  avec  « La Femme aux bijoux » en reluquant  Stella d’un air entendu.  Et Léonor  l’arrêta  quand il voulut enchainer avec « Madame Arthur ».  Audouin et  Marie-François qui faisaient du chahut et lançaient des serpentins furent tancés d’importance par Jane Austen.

Le bal se passa bien, ou presque,  mais on servit encore une fois trop de champagne et Roch qui se disputait  avec Némausus,  lui dit qu’ils n’avaient pas gardé les cochons ensemble et qu’il refusait de danser la polka avec lui.   Le lendemain presque tout le monde avait la gueule de bois. PGE qui avait trop dansé avait des courbatures .

Après le petit déjeuner, des autocars  attendaient les excursionnistes.   Quelques uns, dont Gérard,  voulurent aller prier à la Basilique de Saint Antoine de Padoue.  Il proposa à Antoine de l’accompagner, mais celui-ci refusa parce qu’il n’avait, disait-il, aucun objet à retrouver.   Corsica souhaitait  aller  à l’Université, à la fac’ de médecine, pour voir le souterrain où un canal secret amenait autrefois en catimini  les cadavres  à disséquer par les étudiants, quand cela était encore défendu par l’Eglise. Mais ce ne fut pas possible.

Les amateurs d’architecture allèrent à Vicence.  Baboula  voulut voir à Padoue la fameuse place appelée Prato della Valle. Ses admirateurs, et elle en avait beaucoup, lui emboitèrent le pas.  On fit des tas de selfies.  La maison de Pétrarque à Arquà ne tenta personne.

Porky Porky, conduit par son chauffeur, emmena Agnès faire un tour dans la campagne environnante et pour lui ce fut le point d’orgue de ce voyage en Italie du Nord.

Après un déjeuner tardif et rapide, les autocars conduisirent les voyageurs à la gare de Padoue ou à l’aéroport de Venise. Saint-John voulait remonter vers l’Angleterre par le chemin des écoliers  et proposa un passage en voiture  à Stéphane G.  Aramis envoya un texto « pied de nez » à Actarus en disant qu’il avait bien fait de se porter pâle, on s’était amusés sans lui. Les Belges ne tenaient pas droit sur leurs jambes car ils avaient trop bu et trop mangé et une fois de plus Corsica dut leur distribuer des médicaments, mais elle avait l’habitude et était venue avec sa petite provision.

Porky Porky qui restait sur place, fit des adieux déchirants  à sa Dulcinée et lui offrit un pendentif avec un petit cochon en or rose.  Pour qu’elle pense à lui de temps en temps.  Cosmo qui était venu avec sa voiture proposa un passage à  Léonor et Jane Austen.  Cette fois, Cosmo n’alla pas faire le tour des monastères mais celui des étapes gastronomiques.  En arrivant chez lui, il dut s’aliter avec une crise de foie.

Le départ fut un peu nostalgique. On espérait qu’on se reverrait l’année prochaine mais ce n’était pas certain.  « Espérance ! » conclut Charles.  Ce fut  le mot de la fin.

Bonne année 2018 à tous mes amis de Noblesse et Royautés.

Palatine