Voici la quatrième partie de la série proposée par Patrick Germain sur les mariages non politiques entre Habsbourg et Bourbons. Ici, pour commencer celui d’Henri d’Artois et de Marie Thérèse de Habsbourg-Lorraine. Henri d’Artois, fils du duc de Berry et de la princesse Marie-Caroline de Bourbon-Siciles. Ici, la duchesse de Berry présente le duc de Bordeaux par Charles Nicolas Lafond.

Henri Charles Ferdinand Marie Dieudonné d’Artois, “l’Enfant du Miracle”, est né au Palais des Tuileries le 29 septembre 1820.

“Acte de Naissance de Très haut et Puissant prince Henry Charles Ferdinand Marie Dieudonné D’Artois, Duc de Bordeaux, Petit fils de France, né ce jourdhui à deux heures trente cinq minutes du matin, au palais des Tuileries, à Paris ; fils de très haut et très puissant prince feu Charles Ferdinand D’Artois, Duc de Berry, fils de France, décédé à Paris le quatorze février dernier, et de très haute et très puissante princesse Caroline Ferdinande Louise Princesse des Deux Siciles, Duchesse de Berry, sa veuve, demeurant audit palais des Tuileries, Pavillon de Marsan….
En présence de très haut, très puissant et très excellent prince, Louis par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre ; de très haute et très puissante Princesse Marie Thérèse Charlotte de France, Madame, Duchesse D’Angoulême ; de Très haut et très puissant Prince Louis Antoine D’Artois, Duc d’Angoulême, fils de France ; de Très haut et puissant prince Louis Philippe d’Orléans, Duc d’Orléans, premier prince du Sang ; de très haute et puissante Princesse Son Altesse Royale Marie Amélie, Princesse des deux Siciles, Duchesse d’Orléans, première princesse du Sang ; de très haute et puissante Princesse Louise Marie Adélaïde de Bourbon, Duchesse d’Orléans, première princesse du Sang, douairière ; de très haut et puissant prince Louis Henry Joseph de Bourbon, duc de Bourbon, Prince du Sang ; de très haute et puissante princesse Louise Marie Thérèse Bathilde d’Orléans, Duchesse de Bourbon, Princesse du Sang ; et de très haute et puissante princesse Eugene Adélaïde Louise d’Orléans, Mademoiselle d’Orléans, Princesse du Sang….
En présence pareillement des témoins désignés par le Roi à l’effet du présent acte, savoir…
Sur la déclaration de très haut et très puissant prince Charles Philippe de France, Comte d’Artois, Monsieur, frère du roi, aïeul paternel du Prince nouveau-né, curateur au ventre nommé par ordonnance de S.M., du 22 juin dernier. »

La duchesse de Berry et son fils par Gérard

Fils de Charles Ferdinand d’Artois, lui-même le second fils de Charles X, et de Marie Caroline de Bourbon des Deux-Siciles, il vit le jour sept mois et demi après la mort de son père. Il porte non pas le nom de Bourbon mais celui d’Artois, comme son père, mais sera tout d’abord connu comme le duc de Bordeaux puis comme comte de Chambord. Ses grands-parents paternels sont le roi Charles X et Marie-Thérèse de Savoie, princesse royale de Sardaigne, et ses grands-parents maternels, François Ier roi des Deux-Siciles et l’archiduchesse Clémentine d’Autriche. Sa sœur est la princesse Louise d’Artois, née le 21 septembre 1819 et qui épousera Charles III de Bourbon, duc de Parme, de Plaisance et de Guastalla.

Du côté de son grand-père paternel Charles X, il n’aura pas de cousins germains, du côté de sa grand-mère paternelle Marie-Thérèse de Savoie, non plus.
Par le premier mariage de son grand-père maternel, François Ier de Bourbon des Deux-Siciles avec l’archiduchesse Clémentine, il eut, comme cousin germain l’Infant François d’Assise, roi consort d’Espagne époux d’Isabelle II, fils de Louise des Deux-Siciles et de l’Infant François de Paule.

Par le second mariage de François Ier de Bourbon des Deux-Siciles avec l’Infante Marie-Isabelle de Bourbon d’Espagne, le roi François II des Deux-Siciles, la princesse Marie-Pia des Deux-Siciles qui épousa le neveu de Chambord, le duc Robert Ier de Parme, la reine Isabelle II d’Espagne et sa sœur l’Infante Louise, duchesse de Montpensier, filles de la princesse Marie- Christine princesse des Deux-Siciles et de Ferdinand VII, sont ses cousins germains.

Du côté de sa grand-mère maternelle, l’archiduchesse Clémentine d’Autriche, membre d’une fratrie de quinze, il eut un grand nombre de cousins issus de germains, dans les Maisons d’Autriche, de Toscane, de Teschen et autres maisons souveraines ou princières. L’empereur d’Autriche, Ferdinand Ier, était le cousin germain de sa mère, comme l’archiduc François-Charles, époux de Sophie de Bavière, parents de François-Joseph. L’impératrice des Français, Marie-Louise, était également la cousine germaine de la duchesse de Berry, et par elle le comte de Chambord était cousin au deuxième degré du Roi de Rome.
La liste de ses cousins est plus longue.

Le duc d’Angoulême en 1827

Il y a bien sûr dans son entourage familial immédiat, le duc et la duchesse d’Angoulême. Louis Antoine d’Artois (1775-1844), Dauphin de France, est son oncle. Marie-Thérèse Charlotte de Bourbon, princesse royale de France, est la fille de Louis XVI et Marie-Antoinette. Elle épouse son cousin germain le 10 juin 1799. Leur union fut stérile. Elle est donc la cousine au second degré du jeune Henri d’Artois.

 

La duchesse d’Angoulême en 1827

La duchesse d’Orléans, Marie-Amélie, princesse royale des Deux-Siciles, est sa grand-tante par son côté Bourbon-Sicile mais aussi sa cousine par son côté Habsbourg. La grand-mère d’Henri, l’archiduchesse Clémentine, est à la fois la nièce et la belle-sœur de la duchesse d’Orléans.
Louis-Philippe, duc d’Orléans, n’est en revanche qu’un lointain cousin du comte de Chambord, leur premier ancêtre commun étant Louis XIV par Françoise-Marie de Bourbon, Mademoiselle de Blois, épouse du Régent. Leur parenté agnatique remonte à Louis XIII.
Les princes d’Orléans, fils de Louis-Philippe et de Marie-Amélie, dont il sera parlé plus loin, sont les cousins germains de sa mère, la duchesse de Berry. Le comte de Paris et lui sont donc cousins issus de germains.

Le comte de Chambord vers 1840 par Adeodata Malatesta.

On retrouve dans sa parenté tous ceux dont il a été parlé ci-dessus. Le comte d’Artois, son père, avait eu deux enfants reconnus de sa liaison avec Eugénie-Virginie Oreille, dont Ferdinand, né également posthume, qui eut une descendance. Il fut également marié à Amy Brown (1783-1876) avec laquelle il eut deux enfants : Charlotte de Bourbon (1808-1886), comtesse d’Issoudun, mariée au prince de Faucigny-Lusinge, et Louise de Bourbon (1809-1891), comtesse de Vierzon, mariée au baron Charles de Charette de La Contrie. Elles eurent une descendance. Le mariage avec Amy Brown fut dissous pour défaut de consentement du comte de Provence alors chef de famille, ce qui permit son mariage avec Marie-Caroline de Bourbon. Le comte de Chambord eut donc des neveux et nièces légitimes par sa sœur Louise et ses demi-sœurs Charlotte et Louise, et des neveux et nièces illégitimes par les autres.

Il ne nous semble pas utile de nous étendre sur les positions et les choix politiques faits par le comte de Chambord. Chef de la Maison de Bourbon, il fit lui aussi un mariage autrichien.

L’archiduchesse Marie-Thérèse d’Autriche-Este par Adeodato Malatesta

Le 16 novembre 1846, il épousait Marie-Thérèse de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche, princesse de Modène, fille de François IV de Habsbourg-Lorraine, duc de Modène, décédé le 21 janvier 1846, et de Marie-Béatrice de Savoie, sa nièce. Marie-Thérèse fut-elle choisie par la duchesse d’Angoulême sur ses qualités propres ou parce que son père avait été le seul souverain à ne pas avoir reconnu Louis-Philippe ?

François IV de Modène par Adeodato Malatesta

La question peut se poser. Existait-il beaucoup de princesses à marier au rang digne du comte de Chambord à l’époque ? Seule une étude minutieuse du Gotha pourrait le dire. Selon certains auteurs, il avait été question qu’il épouse sa tante, soeur de sa mère. L’union avec un membre mineur de la Maison d’Autriche, fille d’un petit prince souverain, n’était pas vraiment glorieuse, ni politiquement utile. Sa sœur cadette, Marie-Béatrice, épousera toutefois en 1847 don Juan de Bourbon, comte de Montizon, qui à l’époque n’était pas encore prétendant carliste au trône d’Espagne.

Le comte de Chambord l’aurait préférée à l’aînée, mais celle-ci avait déjà secrètement accepté Montizon.
Madame de La Ferronays dans ses mémoires donne la description suivante de la comtesse de Chambord : “ La future comtesse de Chambord était d’une taille élevée et avait grand air ; mais en naissant, un accident lui avait déformé tout un côté du visage, comme si elle avait eu, ce qu’elle n’eut jamais, une attaque…”

Un autre témoin, le marquis de Belleval, est encore plus critique : “ L’archiduchesse Marie-Thérèse… il faut bien le dire, était franchement laide et disgracieuse. De taille élevée (5 pieds 2 pouces) la princesse était maigre et anguleuse, elle avait le teint basané, les cheveux noirs et un peu crépus,et , ce qui était choquant au suprême degré, un côté de la figure un peu plus petit que l’autre. La voix était rauque et désagréable…”

Madame de La Ferronays et Belleval étaient de l’intimité du couple royal. Ces deux portraits sont relatés par Pierre de Luz dans son ouvrage Henri V, Librairie Plon Editeur Paris 1931 page 125 et suivante. Le comte Fernand de La Ferronays était un des favoris du comte de Chambord, entré à son service en 1850 et mort, pratiquement sur son épaule, lors d’une promenade en voiture à Froshdorf en 1867. Son épouse était du service d’honneur de la comtesse de Chambord. Le marquis de Belleval faisait partie de l’équipe qui assurait entre Froshdorf ou Venise et Paris le courrier du comte de Chambord avec son bureau parisien. Dans ses mémoires, Belleval décrit en détail le service effectué pour le comte de Chambord.

Château de Frohsdorf

Le recul permet de dire que le choix de la duchesse d’Angoulême est le pire qu’elle pouvait faire. Un peu plus âgée que son mari la nouvelle comtesse de Chambord était laide, difforme et sourde. Ses qualités ? La modestie et une âme charitable. C’était bien peu pour une éventuelle future reine de France. Le mariage lui-même fit scandale car le nouveau duc de Modène, frère de la fiancée, ne prit pas la peine de demander l’autorisation à son chef de famille, l’empereur Ferdinand, en réalité à Metternich.

Il l’avertit une fois toutes les dispositions arrangées à quelques jours de la cérémonie, à la fureur du chancelier. Le mariage ne fut pas célébré à Frohsdorf, trop près de Vienne et la famille impériale n’y assista pas. Le comte de Chambord, hôte de l’empereur d’Autriche, s’inclina. Le mariage fut célébré par procuration à Modène, puis en personne à Bruck an der Mur.

Il est évident que l’idée était que Louis-Philippe, était derrière cette opposition formelle de la Cour de Vienne. Metternich fut furieux d’être mis devant le fait accompli, lui qui avait amorcé une politique de réconciliation avec la Monarchie de Juillet, ne voulait sembler tenir un double langage.

Savait-on que la comtesse de Chambord était stérile au moment du mariage? Connaissait-on ses limites intellectuelles ? Le comte de Chambord écrivit : “La princesse qui vient de s’associer à mon destin réunit toutes les qualités qui peuvent assurer mon bonheur et contribuer à faire un jour celui de la France.” Ce sont là paroles de gentilhomme.

Leur vie de couple fut un exemple de convention affectueuse dans le respect des codes de leur époque. Ils n’eurent pas d’enfants, probablement à leur désespoir intime. Madame de La Ferronays rapporte que la comtesse de Chambord répéta plusieurs fois cette phrase devant elle : “ Plus on est royaliste, plus on doit souhaiter ma mort, puisque je n’ai pas d’enfants.” Le comte de Chambord ne lui en fit jamais le reproche et n’évoqua jamais le fait. Il savait parfois se moquer gentiment de sa surdité et de son accent.

La comtesse de Chambord, en digne fille de son père, saura le moment venu faire preuve de son manque d’intelligence politique, ou d’intelligence tout court. Peut-être voulut-elle faire payer, consciemment ou inconsciemment, aux princes d’Orléans leur nombreuse progéniture, symbole même de la continuité dynastique ?

Les deux derniers rois de France de jure eurent tous deux des épouses vertueuses mais stériles, aux vues limitées. A l’époque du mariage, il restait moins de deux ans à la Monarchie de Juillet.

Le comte de Chambord

Le comte de Chambord allait-il saisir l’opportunité qui se présentait enfin ? L’explosion des révolutions en 1848 est une chance pour le prétendant au trône de France. Commencée le 24 février, elle aboutit le 25 février à la création d’un gouvernement provisoire, Louis-Philippe ayant fui sans gloire, puis à la proclamation de la deuxième république.

Pupille de la duchesse d’Angoulême, petit-fils de Charles X, fils de la duchesse de Berry, pour le comte de Chambord, il n’est point de salut en dehors la conception traditionnelle de la monarchie de droit divin. Les trois couleurs, symbole de la révolution et de la France nouvelle, lui posent un vrai problème. Il n’est toutefois pas pour le retour à l’ancien régime, aux privilèges de la naissance, et encore moins à l’intolérance religieuse. Il se situe dans la ligne de Louis XVIII qui avait octroyé la Charte, reconnaissance limitée des droits du Parlement, mais reconnaissance tout de même, ou de Louis XVI avec l’Edit de Tolérance. Il ne va pas jusqu’à considérer que le pouvoir puisse émaner du peuple ou de la nation.

Les derniers jours du comte de Chambord en 1883

Incapable de faire face et de prendre les décisions qui conviennent, marié à une femme qu’il n’aime pas et qui ne peut donner d’héritier au potentiel trône de France, enfermé dans une religiosité qui confine à la bigoterie, il ressort de sa vie un sentiment échec permanent. Et même après sa mort, ses paroles ambigües laissent planer un doute sur la succession au trône de France. Son cousin Orléans ou Montizon, Espagnol, son beau-frère ?
La comtesse de Chambord tranche pour lui. Ce sera le beau-frère Montizon, écarté du trône d’Espagne par la Pragmatique sanction de son oncle, qui est devenu par droit d’aînesse chef de la Maison de Bourbon et à ses yeux chef de la Maison de France, foulant au pied la renonciation de son ancêtre Philippe V au trône de France pour devenir roi d’Espagne. Si elle est approuvée par quelques-uns, la décision de la comtesse de Chambord soulève un tollé parmi les royalistes français.

La comtesse de Chambord en 1885

De cette décision date la querelle dynastique qui depuis plus d’un siècle empoisonne l’idée d’un retour à la monarchie.
L’union du comte et de la comtesse de Chambord aurait pu être une union politique entre un prince français et une archiduchesse d’Autriche, fût-elle Este-Modène. mais cela ne fut pas. L’opposition du gouvernement autrichien, la médiocrité des sujets l’a reléguée au rang des unions secondaires. Le seul effet politique de cette union fut de semer la zizanie parmi les monarchistes français.
Le comte de Chambord est mort le 24 août 1883, la comtesse de Chambord le 25 mai 1886.

Drapeau tricolore du compromis imaginé par le comte de Chambord dans sa jeunesse

Jean de Bourbon, comte de Montizon / Marie Béatrice de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche, princesse d’Este-Modène

Jean de Bourbon,  comte de Montizon

Jean Charles Marie Isodore de Bourbon est né à Aranjuez, le 15 mai 1822, fils de Charles de Bourbon (1788-1955), don Carlos, infant d’Espagne, et de Marie-Françoise de Bragance (1800-1834), infante du Portugal. Don Carlos est le frère cadet de Ferdinand VII de Bourbon, roi d’Espagne. La décision prise par son frère de laisser le trône d’Espagne à sa fille Isabelle II, sous la régence de sa femme, Marie-Christine, privait son frère le comte de Montemolin et lui-même après lui, du trône auquel ils pensaient avoir droit de par la loi salique, importée de France. Ce fut le début des guerres carlistes, qui ensanglantèrent l’Espagne tout au long du XIXe siècle.

Mais depuis l’échec de la Deuxième Guerre carliste en 1849, Jean de Bourbon ne croyait guère aux chances de la cause. De plus, ses idées et ses centres d’intérêt l’éloignaient de ses partisans carlistes. Dépourvu d’ambition personnelle, il se passionnait davantage pour les sciences que pour la politique : il avait suivi à Londres les cours de l’école polytechnique et mené des expériences en daguerréotypie puis en photographie ; il réalisa la première photographie d’un hippopotame en Grande-Bretagne, qui fut publiée dans le Times. Ses photos des animaux du zoo de Londres furent présentées à l’Exposition universelle de 1855 à Paris. Doté d’un esprit inventif, le comte de Montizón avait mis au point un modèle de bateau en caoutchouc pour la marine préfigurant les zodiacs. Ses réflexions personnelles le conduisaient à adopter des vues libérales et il était favorable à la souveraineté nationale, au suffrage universel, à l’indépendance de la justice, à la liberté d’expression et de culte, à l’égalité devant la loi et comprenait l’aspiration à l’unité italienne. Abhorrant les intrigues, il détestait aussi l’idée de faire couler le sang espagnol.

Au décès de son frère aîné le comte de Montemolín à Trieste le 13 janvier 1861, le prince Jean devint pour les carlistes roi des Espagnes et des Indes sous le nom de Jean III.
Ayant refusé le trône de l’empire du Mexique que lui proposa Napoléon III, il fit sa soumission à Isabelle II en juillet 1862 et ne voulut plus porter que le titre de courtoisie de comte de Montizón, du nom d’une ancienne seigneurie andalouse fondée par Charles III en 1767.

Déçus par l’inaction de Jean de Bourbon, les carlistes se tournèrent vers son fils aîné, qu’ils proclamèrent roi des Espagnes et des Indes sous le nom de Charles VII, à Londres le 20 juillet 1868.
En conséquence de quoi, à la demande de son fils aîné, Jean de Bourbon abdiqua ses droits au trône d’Espagne, à Paris le 3 octobre 1868.

L’archiduchesse Marie-Beatrix d’Autriche-Este

Le 6 février 1847, il avait épousé l’archiduchesse Marie-Béatrice, princesse d’Este-Modène, soeur de la comtesse de Chambord. Elle était née le 13 février 1824. Elle mourut le 18 mars 1906.
Leur union ne fut pas heureuse. Les idées du comte de Montizon, étaient en opposition à celles de son épouse, digne fille de son père. Il refusa que l’éducation de ses enfants fût confiée aux jésuites et ceci entraîna la séparation des époux. Jean s’installa à Brighton et son épouse et ses deux fils partagèrent leur vie entre Modène et Venise. Il y vécut sous le nom de Charles Montfort.

Photographie prise par le comte de Montizon

Photographe reconnu, doté d’une femme légitime avec laquelle il ne vivait pas et d’une maîtresse avec laquelle il vivait, il n’avait rien pour séduire les monarchistes français qui cependant, pour quelques-un d’entre eux, le reconnurent comme “roi de France”. Il mourut le 18 novembre 1887.

Domicile du comte de Montizon en Angleterre

Homme intelligent, esprit ouvert, il ne pouvait pas être compris de son beau-frère Chambord, ni de sa belle-soeur. Il ne fut pas non plus compris de ses enfants qui avaient adopté le rigorisme réactionnaire de leur faille maternelle. Il en fut de même pour ses fils. Deux enfants sont issus de cette union :

Charles de Bourbon, duc de Madrid en costume carliste

Charles de Bourbon (1848-1909), duc de Madrid, qui épousa en 1867 Marguerite de Bourbon, soeur du duc Robert de Parme.

Marguerite de Bourbon princesse de Parme, duchesse de Madrid

Alphonse-Charles de Bourbon (1849-1936), duc de San Jaime, qui épousa en 1871 Marie des Neiges de Bragance, infante du Portugal. Cette dernière était la soeur de Marie-Thérèse de Bragance (1855-1944) épouse de l’archiduc Charles-Louis d’Autriche, dont il a déjà été parlé ci-dessus.

Alphonse de Bourbon, duc de San Jaime

Marie-Josèphe de Bragance (1857-1943), qui, en 1874 épousa Charles-Théodore en Bavière (1839-1909), frère de l’impératrice Élisabeth d’Autriche et mère de la reine des Belges Elisabeth.

Aldegonde de Bragance (1858-1946), comtesse de Bardi. En 1876, elle épousa Henri de Bourbon-Parme, comte de Bardi (1851-1905), frère du duc de Parme
Marie-Anne de Bragance (1861-1942). En 1893 elle épousa le grand-duc Guillaume IV de Luxembourg (1852-1912) et fut régente du grand-duché. Sa descendance est encore sur le trône.
Antónia de Bragance (1862-1959), qui épousa en 1884 Robert, ex-duc de Parme et fut la mère de l’impératrice Zita d’Autriche, du prince Félix de Luxembourg, des princes Sixte et François-Xavier de Parme.

Charles et Alphonse de Bourbon poursuivirent les guerres carlistes. Aucun des deux n’eut de postérité, la nature mettant ainsi un terme à ces guerres inutiles et sanglantes qui endeuillèrent et appauvrirent l’Espagne.