Noblesse et Royautés va vous emmener sur les traces du prince Philippe de Bourbon-Siciles (1885-1949) grâce aux recherches et sous la plume de Damien Dauphin.

Il n’est pas aisé de retracer le parcours d’un prince méconnu, que vient remettre en lumière une prochaine vente aux enchères. Seules les données les plus communes permettent d’en dresser l’ébauche. Commençons donc par ses ancêtres.Le prince Philippe de Bourbon des Deux-Siciles avait une ascendance prestigieuse. Ses parents étaient le prince Alphonse des Deux-Siciles, titré comte de Caserte (ci-dessus), fils du roi Ferdinand II des Deux-Siciles et de sa seconde épouse, la reine Thérèse, née archiduchesse d’Autriche.

Le comte de Caserte avait épousé sa cousine germaine la princesse Antoinette des Deux-Siciles, fille du prince François de Paule, comte de Trapani (frère cadet de Ferdinand II), et de l’archiduchesse Isabelle d’Autriche, princesse de Toscane. De nos jours, tous les princes de Bourbon des Deux-Siciles descendent du comte et de la comtesse de Caserte.

La conquête du royaume des Deux-Siciles par les troupes sardes, en 1860, dans le cadre de l’unité italienne au bénéfice de la maison de Savoie, jeta la famille royale sur les chemins de l’exil. Elle alla se réfugier dans les États du pape Pie IX. François II et sa famille vécurent à Rome, et c’est dans la Ville Éternelle que se marièrent en 1868 le comte et la comtesse de Caserte. La chute de la cité pontificale, en 1870, sonna l’heure d’un nouveau départ pour les exilés. Après quelques brèves années en Suisse, c’est vers la France, pays de leurs ancêtres, et plus particulièrement sur la Côte d’azur toute proche de l’Italie, que se tournèrent les yeux des Caserte. Ils s’installèrent à Cannes, où naquirent neuf de leurs douze enfants.

C’est donc sur les bords de la Méditerranée que le prince Philippe de Bourbon des Deux-Siciles vit le jour, le 10 décembre 1885, à cinq heures et demi du matin. Son acte de naissance, qui figure dans les registres de l’état-civil de la ville de Cannes, prouve qu’il ne s’est jamais prénommé « Filippo ». Cet acte le nomme Philippe Marie Alphonse Antoine Ferdinand François de Paule Louis Henry Albert Thadée François Xavier Hubert de Bourbon. Son père est désigné comme « Son Altesse Royale Monseigneur Alfonso de Bourbon, comte de Caserta ». Né en France, le jeune prince était Français, comme la suite allait le prouver.

S’il n’y avait qu’un seul bénéfice à retirer de la Révolution française, ce serait bien la création de l’état-civil. Au XXe siècle, sa codification atteignit des sommets avec l’ajout des mentions marginales. Grâce à cela, l’acte de naissance ci-dessus résume toute la vie du prince Philippe. L’autre grand moment de la vie étant le mariage, on peut donc y lire qu’à l’âge de trente ans, le 11 janvier 1916, il se maria, dans la ville de Neuilly-sur-Seine, avec « Marie Louise Fernande Charlotte Henriette, princesse d’Orléans ». Il s’agit bien évidemment de la date du mariage civil, la seule qui compte aux yeux de l’administration. De cette union qui se solda par un divorce en 1925 et une annulation canonique en 1926, naquit un enfant unique, le prince Gaëtan, lui aussi à Cannes, le 16 avril 1917.

J’ignore si Philippe de Bourbon et Louise d’Orléans étaient épris l’un de l’autre, ou si leur mariage fut le produit d’un arrangement, ce qui se faisait encore à l’époque. Peut-être ont-ils fait un mariage d’amour. Lorsque celui-ci passe, les conjoints sont plus enclins à se séparer, alors que ceux qui ont fait un mariage arrangé préservent davantage les acquis du ménage en sauvegardant les apparences à la face du monde. Ce qui ne les empêche pas de mener leur vie, chacun de son côté…

Toujours est-il que Philippe de Bourbon se remaria assez rapidement avec une dénommée Germaine Marguerite Odette Labori. Il faut croire que le prince avait un goût prononcé pour le mois de janvier, puisque cette union civile fut célébrée à Paris 9e le 10 janvier 1927, soit pratiquement onze ans après la première. La jeune mariée, âgée de 24 ans, avait déjà un mariage annulé derrière elle… Selon l’État présent de la Maison de Bourbon (deuxième édition, 1983), elle est morte à Paris le 22 juin 1968. Selon un site Internet du Gotha, son décès serait survenu trois jours plus tôt, au Kremlin-Bicêtre. Son mari était mort depuis dix-neuf ans.

C’est au Canada et plus précisément à Saint-Jean (Nouveau-Brunswick), ville fondée par Samuel de Champlain en 1604, que s’acheva la vie du prince Philippe de Bourbon, le 8 mars 1949 (et non le 9, comme l’indiquent par erreur les deux sources précitées). Comment l’ai-je découvert ?…(à suivre)