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Voici un article ayant pour sujet : Promenade autour d’une planche de propagande. Histoire de Jean III, duc de Guise. (Merci à Philippe Gain d’Enquin pour cet article et ses archives).

« Souvent, s’agissant de familles royales « en position d’attente » (c.à.d. non régnantes) une question se pose : comment (momentanément) privées de « la magistrature suprême » peuvent-elles se faire découvrir, le cas échéant, connaitre, reconnaitre, et apprécier ? Connaitre de qui et comment ? Loin des discours, arguties de chapelles royalistes ou attaques ou positionnements politiques, qui ne seraient pas compris et moins encore admis ; la propagande en bonne pédagogue sait compter sur plusieurs relais simples. De l’image, au tract, de l’affiche aux vignettes gommées et pseudo timbres (etc.) tout ce qui peut favoriser la découverte du message royal par un public simple mais/et curieux, est nécessaire, et très utile. Que sait-on de lui ? Au mieux : qu’il est né à Paris en 1874 et qu’il est l’un des arrière-petits enfants du roi Louis-Philippe. Voilà qui est bien peu !

A titre d’exemple : cette planche de 0,37 cm x 0,47 cm, que l’on doit à l’Office Central de Propagande Royaliste, 11 rue Tronchet, Paris VIIIe, va répondre aux diverses attentes d’un public peut-être déjà convaincu, à convaincre, ou sceptique, voire hostile (pourquoi pas ?). Elle est hagiographique et/ou biographique ; éminemment politique enfin ! Intelligemment composée, elle mêle le personnage principal, Jean, duc de Guise, et de droit Jean III, aux Français qu’il reçoit et attend avec bienveillance, et intérêt (s). Sa famille, pivot essentiel du message royal, et/ou royaliste y présente les vertus communes au prince et ses contemporains. Les scénettes de toute évidence, naïves n’en sont pas moins sérieuses. Riches d’enseignement et/ou de renseignements. Elles inscrivent le prince dans les différents rôles que le Roi occupe traditionnellement et que lui-même aspire à occuper ou occuperait en cas (souhaité, espéré ou improbable) de restauration. Tout y est dit et montré avec simplicité, et pédagogie. Son prix est voulu raisonnable : il en coûte en effet : 0,50 c pour une ; 4,00 frs pour dix, et 18,00 frcs pour cent.

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Situé au 365 de la rue au Bois, commune de Woluwe Saint Pierre. Cette propriété construite au XIXe siècle a pour premier nom Le Château Pluck Dael (La Mare aux grenouilles). C’est une demeure de trois étages qui se donne les apparences d’un château néo-classique soulignées par un dôme central visible sur la planche et sur la photographie prise entre 1930 et 1935. Son premier propriétaire est Alfred Casimir Madoux, (brasseur et amateur d’orchidées, père de l’homme politique, Charles Madoux bourgmestre d’Auderghem). Sa veuve loue l’ensemble de la propriété – manoir + 9 hectares de terres – à Philippe (VIII de droit) duc d’Orléans. Le bail couvre un terme de neuf an, à l’issue duquel le prince acquiert l’ensemble qu’il complètera de trois hectares supplémentaires. Les couleurs de la Maison royale (Bleu, Blanc, Rouge) flottent au sommet du dôme.

En 1948, les religieuses du Bon Pasteur s’en portent acquéreur ; le parc est réduit à une superficie de cinq hectares. 1987, les Fraternités du Bon Pasteur – enseignantes – y sont installées. L’ancienne résidence des princes constitue la partie privée, deux ailes en entrée accueillant les structures scolaires.

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Jean, duc de Guise nous dit le court texte est né en 1874. Nous ajouterons qu’il voit le jour au n°29 de la rue Vernet à Paris, VIIIe arrondissement. Il se prénomme Jean, Pierre, Clément, Marie. Il est le fils du duc de Chartres, Robert d’Orléans (Paris 9 novembre 1840-Château de Saint Firmin 5 décembre 1910) et de Françoise d’Orléans, sa cousine (Neuilly-sur-Seine 14 août 1844-Château de Saint Firmin 28 octobre 1925). De mêmes devons nous nous attarder au fait suivant : il sera le gendre de Philippe VII, comte de Paris, et beau-frère de son successeur : Philippe VIII, duc d’Orléans.

Jacques Prévert, nous livre le Prince Michel de Grèce, son petit-fils, in : Henri, Comte de Paris, Mon album de Famille « le compare à un bec de gaz ». Le duc de Guise mesure 1mètre 93. Il est par ailleurs mal à l’aise en public et parfois mélancolique ; son portrait photographique en atteste. Le Prince est scolarisé non loin de Woodnorton où réside le comte de Paris Philippe VII. Il porte un calot de Public School ne semblant guère lui complaire.

 

 

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Ayant quitté le Prince face au « palais royal de l’exil », le public est invité à découvrir celle qui partage sa vie : la duchesse de Guise, la reine que ce même public attend, désire, admire, ou envisagerait d’aimer, d’admirer, et de saluer de la qualité de reine et du titre de « Majesté » ! Qui est-elle ? Une descendante à la fois d’Henri IV, « Le Béarnais » figure la plus populaire de l’Histoire française, après ou avant Saint Louis (Louis IX) et de l’unique de nos monarques à avoir travaillé (dans l’exil) pour subsister : Louis-Philippe Ier.

Les deux portraits qui encadrent la princesse ne figurent pas par hasard dans la vignette qui lui est consacrée. Depuis 1883, et la mort sans descendance du dernier des Bourbons aînés, les princes de la branche cadette constituent l’unique maison royale. En cohérence totale du ressenti national et de l’unanime reconnaissance européenne, la double allusion est « parlante », évocatrice et définitive Pour le public des années 30, même le moins informé.

Isabelle, Marie, Laure d’Orléans nait au château d’Eu le 7 mai 1878. Son père est Philippe VII, premier comte de Paris depuis Eudes (882 ou 883) premier roi « Robertien ». Le père de la princesse est ainsi titré par son propre grand-père Louis-Philippe Ier, deuxième roi des Français (cf. : la Constitution de 1791). Le 30 octobre 1899, elle a épousé en Angleterre, à Twickenham, où réside sa famille son cousin germain, Jean d’Orléans. Duchesse de Guise, elle devient « Reine de droit » à la mort de son frère, Philippe VIII, duc d’Orléans (roi de droit) et conséquemment à l’accession de Jean, son époux, au statut de Jean III (là encore de droit et non de fait) en 1926. Statut et qualité qu’elle détiendra jusqu’à sa mort, le 21 janvier 1961.

Ceci étant posé, qu’attendent et espèrent les monarchistes, les fidèles de la Maison de France ? Quel élément ferait, fera, doit faire, vibrer le cœur d’une France tout uniment, attentive (éventuellement, voire plus probablement désintéressée mais curieuse) acquise de cœur et d’idées, qui se plait tel que ceci est d’usage à la fois chez les plus humbles et les « grands, à compter les mois qui s’écoulent ? Que la princesse enfante ! Que la future reine leur donne l’héritier tant attendu des « Quarante rois qui ont fait la France ».

Le « Prince » tardera à se présenter, précédé de trois sœurs… Madame la duchesse de Guise donne successivement le jour à :

  • Isabelle (1900-1983) qui épouse Bruno, comte d’Harcourt (1899-1930) puis Pierre, prince Murat (1900-1948)
  • Françoise (1902-1953) épouse de Christophe, prince de Grèce (1889-1940), fils du roi des Hellènes Georges Ier.
  • Anne (1906-1986), mariée à Amédée de Savoie Aoste (1898-1943) duc des Pouilles, duc d’Aoste et Vice-roi d’Ethiopie.

Enfin, répondant aux très probables vœux et prières des royalistes français dans leurs ensemble (c.à.d. ceux membres de l’Action Française de Charles Maurras, comme ceux qui n’en sont pas) dans l’expectative : vient au monde, le dauphin attendu, Henri, Robert, Ferdinand, Marie, né au Nouvion en Thiérache, le 5 juillet 1908. Gageons qu’aucun des acquéreurs de cette planche de propagande faisant l’objet de la présente incitation à la «promenade », n’a eu l’outrecuidance et/ou l’irrespect de compter le nombre de mois avant l’heureuse délivrance du Nouvion…

A suivre…