C’est sur les contreforts des monts du Vichyssois, dominant la plaine de la Limagne que se dresse l’imposant château féodal de Busset qui fut depuis 1498 le fief de la maison de Bourbon-Busset, branche aînée mais non dynaste de la maison capétienne.

Après avoir été le fief des comtes de Vichy puis celui des barons d’Alègre, c’est en effet par le mariage en 1498 de Marguerite d’Alègre avec Pierre de Bourbon, chambellan du roi Louis XII, fils de Louis, évêque de Liège, et petit-fils de Charles Ier, duc de Bourbon, que la demeure entrait dans la maison de Bourbon, donnant ainsi naissance à la branche des Bourbon-Busset.

Selon la tradition familiale, Pierre de Bourbon serait issu du mariage qu’aurait contracté en 1464 le prince-évêque de Liège avec Catherine d’Egmont, duchesse de Gueldres. Toutefois cette union qui aurait été célébrée avant que Louis ne reçut l’ordination sacerdotale en 1466, ne fut jamais reconnue ni par son frère le duc Pierre II de Bourbon, ni par le roi Louis XI, beau-père de Pierre, aucune trace de contrat de mariage, n’ayant en effet jamais été retrouvée.

Il faut rappeler que Pierre II avait épousé Anne de Beaujeu, fille de Louis XI et que cette dernière entendait garder uniquement pour sa descendance à la fois l’aînesse et l’apanage de la maison de Bourbon.

Cette situation a conféré aux Bourbon-Busset un statut singulier : reconnus comme aînés de la maison capétienne mais non dynastes car selon les cas illégitimes ou simplement issus d’un mariage non reconnu par le roi, ils portent les armes de France chargées d’une brisure (souvent assimilée à une brisure de bâtardise) et d’un chef à la croix de Jérusalem.

Toutefois, depuis XIXème siècle, après la mort du dernier des princes de Condé, les Bourbon-Busset ont pris l’habitude de supprimer le chef de Jérusalem et de porter seulement les armes de France avec brisure, qui sont précisément celles que portaient ces princes avec deux anges au naturel pour tenants et l’ancienne devise des ducs de Bourbon « Espérance », le tout surmonté d’une couronne fleur-de-lysée de fils de France.

Enfin, ils ont reçu par un brevet officiellement décerné par Louis XV en 1761 le titre de « cousin du roi » et ont été admis par trois fois aux honneurs de la Cour en 1753, 1767 et 1772.

La Maison de Bouron-Busset a contracté tout au long des siècles des alliances avec de nombreuses maisons ducales françaises ou étrangères parmi lesquelles on peut citer les La Rochefoucauld (1564), La Vauguyon (1725), Clermont-Tonnerre (1743), Gontaut-Biron (1818), d’ursel (1882), Brissac (1884) ou Mortemart (1944). Sans oublier l’alliance contractée en 1927 par Madeleine de Bourbon-Busset avec le prince Xavier de Bourbon-Parme, fils de Robert, duc de Parme et de Maria Antonia, Infante de Portugal.

Elle a fondé deux branches : celle des comtes de Lignières par le mariage en 1796 de Louis-Antoine de Bourbon avec Marguerite, fille du marquis de Lordat, héritier du domaine de Lignières en Berry et en 1875 celle des comtes de Châlus par le mariage de Guy de Bourbon avec la princesse Yolande de Polignac, fille du prince Armand et de Marie Louise de Berton des Balbes, des ducs de Crillon.

Fixés depuis la fin du XVème siècle dans leur demeure ancestrale de Busset, les barons puis les comtes de Busset ont toujours servi avec fidélité et loyauté la monarchie légitime. Parmi eux, on peut citer Pierre (1464-1529), qui fut conseiller et chambellan du roi Louis XII, Claude (1531-1588), gouverneur du Limousin et gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, César (1565-1631), gouverneur de Carlat et de Murat, Louis (1648-1677), lieutenant général de l’artillerie de France tué au siège de Fribourg, François (1722-1793), maréchal de camp qui s’illustra pendant la guerre de succession d’Autriche et fut premier gentilhomme de la chambre du comte d’Artois, Louis François (1749-1829), menin du dauphin (futur Louis XV) qui émigra pour rejoindre l’armée du prince de Condé (cf. illustration).

François-Louis (1782-1856), pair de France, lieutenant-général qui démissionna en 1830 pour ne pas servir le régime de Louis-Philippe ou encore Robert (1848-1918) qui fut pendant vingt ans le fidèle représentant du comte de Chambord en Bourbonnais.

Le château de Busset fut édifié au XIVème siècle par les comtes de Vichy sur les vestiges d’une ancienne commanderie de templiers. Il se présente sous la forme de deux puissants corps de bâtiments se coupant à angle droit et flanqués de quatre tours du trésor, de l’horloge, Henri IV et de Riom, cette dernière étant la plus spectaculaire avec le hourd de bois surmonté d’une toiture en bardeaux qui la couronne.

L’édifice fut ensuite modifié sous la Renaissance lors du mariage en 1530 de Philippe de Bourbon, baron de Busset avec Louise Borgia, fille de César Borgia, duc de Valentinois et petite-fille du fameux pape Alexandre VI, né Rodrigo Borgia. C’est Louise qui fit notamment aménager dans l’aile gauche une galerie ouverte à onze arcades en plein cintre dans le goût italien.

Mais c’est au milieu du XIXème siècle que la demeure devait connaître d’importants remaniements qui allaient profondément modifier l’ensemble de l’aile Nord tant ses façades que ses décors intérieurs. Elles furent confiées par le comte François-Louis-Joseph de Bourbon-Busset au célèbre architecte angevin René Hodé qui rhabillera alors l’ensemble du corps de logis nord dans un style néo-gothique exubérant. Précurseur de Viollet-le-Duc, Hodé « enrichira » les différentes façades de créneaux, mâchicoulis, poivrières rehaussant les toitures et les coiffant d’imposants épis de faîtage.

Il achèvera son ouvrage en plaçant sur le tympan de la porte d’entrée de la demeure les armes modernes des Bourbon-Busset surmontées d’une couronne de fils de France soutenue par deux anges dans des nuées.

Quant aux intérieurs, ils seront également totalement transformés par l’architecte angevin : les murs seront garnis de lambris de chêne à décor « en plis de serviette » et recouverts de cuirs gaufrés ou de papiers peints de fleur-de-lys stylisées et croix de Jérusalem, les cheminées seront recouvertes de polychromies aux couleurs vives tandis que des clés d’ogives seront rajoutées aux plafonds des galerie dans le plus pur style néogothique.

Toutefois à partir de 1920, le comte François de Bourbon-Busset (1875-1954) fera procéder à une importante campagne de « dérestauration » des façades et des couvertures qui visera à redonner à la demeure son aspect d’origine en supprimant l’essentiel des éléments néogothiques qui alourdissaient les façades et en rabaissant la hauteur de la plupart des toitures.

A l’intérieur également, les polychromies qui recouvraient murs, plafonds et cheminées seront également supprimées. seule la cheminée d’une chambre a conservé son décor néogothique. (Merci à Néoclassique pour cet article, ses recherches, et les images)

La suite de cet article demain…